L’univers de l’intelligence artificielle connaît une transformation rapide : les besoins en puissance de calcul s’envolent, et chaque acteur cherche à sécuriser son avance. A ce jeu, Oracle a créé la surprise en annonçant un contrat massif avec OpenAI. Mais d'autres géants de l'IA pourraient suivre.
C’est dans ce contexte qu’Oracle et Meta sont en pourparlers pour un accord cloud d’environ 20 milliards de dollars, une somme conséquente mais en phase avec les besoins de l'IA à l'américaine.
Pourquoi Meta se tourne vers Oracle pour booster l’intelligence artificielle ?
Meta, déjà en partenariat avec d’autres fournisseurs cloud, souhaite diversifier et renforcer ses capacités pour entraîner et déployer ses modèles d’intelligence artificielle.
L’accord envisagé confierait à Oracle la fourniture de ressources de calcul conséquentes sur plusieurs années, venant s’ajouter aux infrastructures déjà exploitées par Meta. Ce choix s’expliquerait par la demande croissante et pressante de capacité GPU pour des modèles de grande taille, impératifs si Meta veut garder la main sur l’innovation.
Meta cherche à disposer d’une puissance de calcul immédiate pour ne pas être ralenti sur ses avancées IA tandis que, de son côté, Oracle se positionne comme le nouvel acteur incontournable dans le cloud IA face à des concurrents comme Amazon, Microsoft ou Google.
L’approche multi-cloud devient la norme et tout le monde cherche à diversifier les approvisionnements pour ne pas se retrouver otage d'un unique fournisseur. Plus qu’un choix technique, cette stratégie répond à un besoin de sécurité opérationnelle et à la complexité des modèles de demain.
Oracle : une montée en puissance spectaculaire sur le marché cloud
L’accord en discussion s’inscrit dans un mouvement général de massification des investissements IA. Oracle apparaît de plus en plus comme un acteur incontournable pour le marché de l'IA grâce à ses imposantes capacités en cloud désormais mises au service de l'intelligence artificielle.
En quelques trimestres, les revenus liés à ses partenariats cloud auraient été multipliés par 16. Un précédent contrat avec OpenAI, d'une valeur de 300 milliards de dollars sur cinq ans, a amplifié la dynamique : Oracle s’engage à investir à hauteur de 35 milliards de dollars cette année dans de nouvelles infrastructures, afin de répondre à la flambée de la demande en cloud computing pour IA.
Cela permet à Oracle Cloud Infrastructure (OCI) de proposer des clusters IA dotés de dizaines de milliers de GPU Nvidia et bientôt, potentiellement, des puces personnalisées demandées par Meta.
Les défis techniques et stratégiques derrière un accord de 20 milliards
Le groupe de Mark Zuckerberg, en quête de solutions sur-mesure, teste déjà ses propres puces IA (le projet MTIA ou Meta Training and Inference Accelerator), confirmant la volonté de certains géants de s’affranchir partiellement des fournisseurs classiques de GPU.
Oracle semble prêt à adapter son offre pour intégrer ces composants propriétaires. Selon différentes sources, Meta pourrait commander des clusters IA architecturés différemment, intégrant ses propres solutions matérielles.
Côté Oracle, le défi consiste à soutenir simultanément plusieurs partenariats de très grande envergure (OpenAI, Meta, Amazon…). Cela impose des investissements massifs dans l’infrastructure pour la construction de datacenters et de réseaux spécialisés mais aussi une gestion d’architectures flexibles, adaptées aux besoins d’acteurs souhaitant développer des puces internes pour l’IA et échapper à la domination totale de Nvidia.
Un deal qui bouleverse le marché du cloud et de l’IA : quelles conséquences secteur ?
L’annonce de ces négociations a déjà fait grimper l’action Oracle de 4 %, signe de l’importance perçue par les marchés. Le secteur s'attend désormais à la multiplication de contrats géants, propulsion directe de l’intelligence artificielle à l’échelle industrielle.
Meta, comme d'autres géants du secteur, amorce un plan titanesque d’investissement dans des datacenters IA, comme les clusters Prometheus et Hyperion qui exigent à eux seuls plusieurs gigawatts d’électricité, après avoir tenté sa chance avec le métavers.
Du côté d’Oracle, l’enjeu est double : confirmer sa place de leader et se différencier par la capacité à servir des infrastructures sur-mesure, capables d’accueillir les évolutions techniques rapides du secteur et de fournir la réserve de puissance de calcul capable de soutenir la course à l'IA générative.
Le secteur entre dans une phase où la compétition ne se joue plus seulement sur le développement des modèles, mais, en amont, sur la maîtrise et l’accès à des infrastructures hypercapacitaires.
Encore faudra-t-il avoir les reins assez solides et les ressources pour alimenter ces infrastructures géantes dans le temps. La course aux approvisionnements énergétiques et de ressources stratégiques bat déjà son plein, quitte à entrer en compétition avec les populations locales.