Si vous aviez prévu de monter un nouveau PC ou de mettre à jour votre configuration, il est peut-être déjà trop tard. Une tempête parfaite s'est abattue sur le marché des composants, provoquant une flambée des prix aussi soudaine que spectaculaire.
La cause ? L'explosion de l'intelligence artificielle, dont les besoins colossaux en mémoire assèchent complètement la production mondiale, laissant le marché grand public face à des étagères vides et des étiquettes qui brûlent les yeux.
Pourquoi parle-t-on d'une pénurie "sans précédent" ?
Le signal d'alarme a été tiré par Simon Chen, le président d'Adata, un vétéran de l'industrie avec 30 ans d'expérience. Selon lui, c'est la première fois de l'histoire qu'une pénurie frappe simultanément tous les types de mémoire : la RAM (DDR4 et DDR5), le stockage flash (NAND, donc les SSD) et même les disques durs traditionnels (HDD).
Le marché, habituellement cyclique, est complètement déréglé. La demande des géants du cloud pour leurs infrastructures d'intelligence artificielle est si massive qu'ils absorbent la quasi-totalité de la production des fondeurs comme Samsung et SK Hynix. Les fabricants de composants pour le grand public, eux, sont contraints de se partager les restes.
Quel est l'impact concret sur les prix ?
La conséquence est immédiate et douloureuse pour le portefeuille. Les stocks chez les fabricants sont au plus bas, avec à peine deux à trois semaines de réserve en moyenne. Cette tension extrême se répercute directement sur les prix. L'exemple le plus frappant est celui de la mémoire RAM DDR5 :
- Un kit de 32 Go de DDR5-6000 qui se trouvait facilement autour de 60 € il y a deux mois s'affiche désormais à plus de 120 €.
- Les prévisions pour la fin de l'année évoquent même un tarif qui pourrait atteindre 170 €.
La même tendance est observée sur les SSD, dont les prix grimpent en flèche. Face à cette situation, des marques comme Adata ont même dû commencer à rationner leurs ventes pour servir leurs clients prioritaires.
Cette crise va-t-elle durer ?
Malheureusement, il n'y a pas de solution miracle à court terme. Si les grands fabricants comme Samsung et SK Hynix ont bien prévu d'augmenter leurs capacités de production, le choc de la demande a été trop brutal. Il faut en moyenne deux ans et demi pour construire et mettre en service une nouvelle usine de semi-conducteurs.
La tension sur le marché devrait donc perdurer tout au long de l'année 2026, voire au-delà. Cette pénurie de mémoire commence d'ailleurs à avoir des effets en cascade, en freinant la demande pour d'autres composants, notamment les cartes graphiques, dont les ventes ralentissent déjà.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi l'IA a-t-elle besoin d'autant de mémoire ?
L'entraînement et le fonctionnement des grands modèles d'intelligence artificielle, comme ceux qui animent les chatbots ou les générateurs d'images, nécessitent des quantités astronomiques de mémoire vive à très haute performance (HBM - High Bandwidth Memory) et de stockage ultra-rapide. Les géants du cloud (Amazon, Google, Microsoft) construisent des data centers dédiés à l'IA qui mobilisent la majorité des capacités de production mondiales de ces puces spécialisées, laissant moins de ressources pour la mémoire "grand public".
Est-ce le bon moment pour acheter de la RAM ou un SSD ?
Clairement pas. Les prix sont en pleine ascension et la tendance ne devrait pas s'inverser avant plusieurs mois, voire plusieurs années. Si vous n'avez pas un besoin urgent, il est plus sage d'attendre que la situation se stabilise.
Cette pénurie affecte-t-elle aussi les smartphones et les consoles ?
Oui, indirectement. Les fabricants de smartphones et de consoles sont également en concurrence pour l'accès aux puces de mémoire. Si les géants comme Apple ou Samsung ont des contrats à long terme qui les protègent en partie, la pression sur les prix et la disponibilité des composants pourrait à terme se répercuter sur le prix final des appareils ou entraîner des retards de production.