Le groupe Qualcomm a régulièrement fait appel aux architectures de coeurs ARM pour ses processeurs mobiles ces dernières années mais le rachat de l'entreprise Nuvia en 2021 lui a donné les moyens de concevoir ses propres coeurs en interne.

Cette initiative n'est pas du goût de l'entreprise britannique ARM Holdings qui fournit les licences pour l'utilisation des architectures du même nom et elle avait porté plainte en 2022 en attaquant le fait que Qualcomm avait transféré ses propres droits de licence à Nuvia au lieu d'en négocier de nouveaux.

Elle avait même réclamé la destruction des travaux en cours chez Nuvia, menaçant potentiellement l'existence des processeurs Snapdragon X Elite et Snapdragon X Plus destinés aux PC portables ARM.

Les coeurs custom de Nuvia, un problème pour ARM

Et le litige pourrait donc aussi concerner le tout nouveau processeur mobiles Snapdragon 8 Elite qui exploite également des coeurs Oryon conçus par Nuvia et qui doit équiper de nombreux smartphones haut de gamme.

Snapdragon 8 Elite

Alors que le procès approche, ARM Holdings renforce la pression sur Qualcomm en cherchant à annuler l'accord de licence qui donne la possibilité à ce dernier de créer ses propres puces en utilisant le jeu d'instructions ARM.

ARM attaque ainsi tout ce qui touche à Nuvia, jusqu'aux puces permettant le fonctionnement de Copilot+, l'IA générative embarquée avec Windows dans les PC portables ARM, et donne 60 jours à Qualcomm pour se conformer à cette injonction.

ARM insiste sur le fait que ses droits de licence n'auraient pas dû être transférés de Qualcomm à Nuvia et qu'un contrat séparé aurait dû être négocié. De son côté, Qualcomm conteste cette interprétation et le coup porté par la firme britannique est vu comme un nouvel effort pour peser sur la future de décision de justice.

La stratégie de Qualcomm en péril

Si Qualcomm affirme qu'elle reste sans fondement et n'est qu'une bataille de gros sous, une victoire de ARM aurait de lourdes conséquences sur son activité et surtout sur son effort pour imposer ses processeurs ARM sur les segment des ordinateurs.

Perdre les droits de licence sur l'architecture ARM serait un coup très dur pour Qualcomm dont une partie de l'activité repose sur des puces exploitant cette architecture et à un moment où l'entreprise cherche de nouveaux débouchés au-delà des smartphones.

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Certes, il y aurait toujours moyen de se replier vers l'architecture RISC-V mais son écosystème est beaucoup moins avancé et cela reviendrait à tout devoir recommencer de zéro ou presque dans la conception des puces.

Il reste à voir si les deux entreprises iront jusqu'au procès ou bien si un accord amiable sera trouvé juste avant, ce qui est souvent le cas dans ce genre d'affaire tant les enjeux sont élevés et la décision judiciaire incertaine.

L'affaire inquiète suffisamment les investisseurs pour faire chuter le cours de Qualcomm de 5%. Le timing de l'annonce, pile au moment où Qualcomm présente ses nouveaux processeurs et sa stratégie durant son événement Snapdragon Summit, n'est sans doute pas un hasard.

Source : Reuters