Qualcomm vient d’obtenir une victoire judiciaire éclatante contre ARM Holdings dans le domaine ultra-stratégique des semiconducteurs, un secteur où les accords de licences sont scrutés de près.
Après des mois de procédure devant la justice américaine, la cour du Delaware vient de définitivement débouter ARM, jugeant que Qualcomm et sa filiale Nuvia n’ont enfreint aucun contrat dans leur usage des technologies de ARM.
Avec la récente décision du tribunal du Delaware, Qualcomm vient de mettre fin à une saga judiciaire qui agitait la planète tech depuis près de deux ans. Les juges américains ont tranché : le leader des puces mobiles et sa filiale, Nuvia, n’avaient pas violé l’accord de licence avec ARM Holdings, fournisseur incontournable de schémas de processeurs et d’architectures pour le secteur.
Ce verdict est important car il redistribue les cartes dans toute l’industrie, alors que la demande en calcul et en intelligence artificielle explose et que le marché des chipsets pour smartphones ralentit.
Un jugement décisif pour Qualcomm et la filiale Nuvia
La décision du tribunal ne laisse aucune place au doute : Qualcomm et Nuvia sont jugés en conformité avec les termes des licences contractuelles signées avec ARM.
Le conflit, qui avait commencé en 2021 suite au rachat de Nuvia par Qualcomm, reposait sur l’intégration de technologies développées par la startup et leur utilisation dans de nouveaux designs de CPU. Pour l'entreprise britannique, les conditions n’avaient pas été respectées, justifiant, selon eux, une hausse de la redevance et une remise à plat de l’accord.
Les coeurs Oryon de Nuvia dans le nouveau Snapdragon 8 Elite Gen 5
Après une première défaite pour ARM en décembre 2024, avec un jury tranchant déjà en faveur de Qualcomm, ce nouveau jugement met fin aux derniers soubresauts. Arm avait demandé l’annulation des verdicts favorables à Qualcomm ou au minimum un nouveau procès. La cour a rejeté l'ensemble de ces requêtes.
Le rachat de Nuvia, déclencheur d’un bras de fer entre titans
L’acquisition de Nuvia par Qualcomm en 2021 avait mis le feu aux poudres dans l’industrie. Cette startup, spécialisée dans les architectures processeur de nouvelle génération, représentait un atout technique majeur : elle permettait à Qualcomm d’intégrer des cœurs CPU concurrents des solutions standard de la firme de Cambridge, dans un contexte où l’intelligence artificielle et l’efficacité énergétique prennent une place centrale.
Arm, de son côté, estimait que les licences originellement signées par Nuvia n’étaient plus valides une fois la startup passée dans le giron de Qualcomm, et réclamait une renégociation des conditions.
Pour Arm, il s’agissait de défendre sa position stratégique comme fournisseur majeur, dont les schémas sont utilisés par tous, de Samsung à Apple. Mais pour Qualcomm, il ne s’agissait que d’une extension logique des droits acquis lors du rachat. Le tribunal penche à présent clairement en faveur de Qualcomm, générant une onde de choc dans le secteur des semi-conducteurs.
ARM va-t-il faire appel et que peut-il espérer ?
Malgré la clarté du verdict, Arm ne compte pas s’avouer vaincu. La société britannique annonce, dans un communiqué de presse, son intention de déposer un appel pour tenter d’inverser ce jugement .
Cette démarche illustre sa volonté de défendre son modèle économique face à des concurrents directs qui exploitent ses innovations tout en cherchant à limiter les coûts de licences.
Snapdragon X2 Elite, le processeur ARM et IA pour PC portables
Mais les chances de voir le jugement renversé à court terme semblent minces, compte tenu de l’appui du jury et du refus du juge d’organiser un nouveau procès. Pendant ce temps, Qualcomm va pouvoir dérouler sa stratégie autour de ses futurs processeurs IA pour PC portables, un domaine où la compétition s’intensifie.
Quels enjeux pour le secteur mondial des semi-conducteurs ?
Ce verdict a d’ores et déjà des répercussions sur l’ensemble du marché des puces et processeurs. En validant la conformité des licences Nuvia, la justice américaine renforce le modèle d’intégration suivi par Qualcomm, qui pourra commercialiser ses futurs chips sans risquer de litige immédiat.
ARM, dont l’activité consiste à vendre des schémas et instructions de calcul à l’ensemble des géants tech, doit maintenant puiser dans sa capacité d’innovation et revoir sa politique de licensing pour rester compétitif.
Alors que la croissance du marché des processeurs pour téléphone ralentit, l’enjeu se déplace vers l’intelligence artificielle, le calcul pour data centers HPC et les PC nouvelle génération.
Les stratégies de Softbank, actuel propriétaire de ARM, et de Qualcomm vont donc de plus en plus s’orienter vers une diversification des usages et une optimisation des marges.
La bataille n’est peut-être pas totalement terminée, avec un nouveau procès prévu entre Qualcomm et Arm en mars 2026 sur d’autres aspects contractuels. Mais cette décision offre à Qualcomm une rampe de lancement privilégiée pour investir dans la prochaine décennie du calcul informatique.