Depuis le rachat de Nuvia en 2021 pour développer ses propres coeurs ARM, baptisés Oryon, le groupe Qualcomm est légèrement fâché avec le britannique ARM Holdings.
En faisant entrer la licence ALA (Architecture License Agreement) de Nuvia, qui permet de concevoir des coeurs ARM custom, dans le périmètre de ses propres droits de licence, Qualcomm a déclenché la colère de ARM qui estime qu'il faudrait renégocier des droits de licence séparés.
La manoeuvre a permis d'aligner la valeur des droits de licence de la licence ALA de Nuvia sur ceux plus bas payés par Qualcomm et c'est ce qu'a dénoncé ARM, s'estimant flouée.
Menace sur la licence ALA
Face au blocage des positions, le litige s'est durci et ARM avait annoncé en octobre 2024 laisser 60 jours à Qualcomm pour régler le problème avant de mettre fin unilatéralement à la licence ALA.
Qualcomm, en plein effort pour faire adopter ses processeurs pour PC portables Snapdragon X Elite et Snapdragon X Plus accompagnés de Windows sur ARM et CoPilot+, risquait donc de voir sa stratégie mise à mal.
Toutefois, le résultat d'un premier procès en décembre 2024 a tourné en faveur de Qualcomm en estimant que ce dernier n'avait pas commis d'impair. Seule la question de savoir si Nuvia avait violé les termes de son accord ALA avec ARM est restée en suspens, faute d'éléments probants.
La victoire était tout de même suffisante pour éloigner la menace d'un arrêt forcé de la commercialisation des puces Snapdragon X et pour sécuriser sa stratégie des processeurs ARM pour PC portables.
Le danger s'éloigne
Un nouveau procès devrait tenter de clarifier les derniers points litigieux, Cristiano Amon, CEO de Qualcomm, vient d'annoncer lors de la présentation des résultats financiers trimestriels, que ARM avait abandonné son intention de mettre fin à la licence ALA au terme des 60 jours.
Toute menace à court terme sur sa nouvelle activité de producteur de puces ARM pour PC portables semble donc être écartée, de même que celle sur Snapdragon 8 Elite pour smartphone qui utilise aussi des coeurs Oryon.
Pour l'une comme pour l'autre entreprises, ces nouvelles positions ne devraient pas changer grand-chose à leur chiffre d'affaires. Les deux firmes sont de toute façon accaparées par l'essor très rapide de l'intelligence artificielle et les défis d'une progression allant beaucoup plus vite que ce que permettent des designs d'architecture de plateformes matérielles pensés deux ou trois ans auparavant.
L'arrivée du chinois DeepSeek n'est pour l'heure pas considérée comme une menace pour leur activité et c'est plutôt la difficulté d'assurer des capacités suffisantes d'intégration de petits LLM dans des structures devant aussi gérer tout le reste des smartphones qui constitue le défi du moment.