Alors que l'on pensait la course à l'équipement lancée à pleine vitesse, le groupe Renault a décidé de lever le pied. Le plan de conquête initial, qui promettait de mailler le territoire européen avec des centaines de points de charge ultra-rapides, vient de se heurter à la réalité du terrain et aux impératifs financiers de la nouvelle direction.
Pourquoi l'objectif des 650 stations est-il abandonné ?
L'ambition affichée en mars dernier était colossale, mais elle appartient désormais au passé. La filiale Mobilize a confirmé qu'elle ne courrait plus après l'objectif des 650 sites à l'horizon 2028.
Au lieu de disperser ses forces en Belgique, en Espagne ou en Italie, la marque va se concentrer sur la consolidation de son réseau tricolore. L'objectif est ramené à une échelle bien plus modeste : atteindre environ 95 sites opérationnels en France d'ici la fin de l'année 2026, avant de marquer une pause indéterminée dans les nouveaux projets.
La rentabilité est-elle le seul coupable ?
C'est clairement le nerf de la guerre. Le nouveau directeur général, François Provost, a fait les comptes et le résultat est sans appel : les bornes installées ne rapportent pas assez. Malgré un positionnement stratégique près des grands axes, souvent sur les parkings des concessions Renault, le taux d'utilisation quotidien reste bien en deçà des prévisions initiales.
Installer une station haute puissance coûte une petite fortune (près de 100 000 euros par borne), et sans un trafic dense pour amortir cet investissement, le modèle économique ne tient tout simplement pas la route face aux géants du secteur.
Est-ce un mauvais signal pour la transition électrique ?
Ce gel des investissements traduit une certaine fébrilité sur le marché. Alors que les ventes de voitures électriques connaissent une dynamique contrastée en Europe, les industriels deviennent frileux à l'idée de dépenser des millions dans des infrastructures peu utilisées.
En se retirant partiellement de la course aux stations de recharge, le constructeur français laisse le champ libre aux spécialistes comme Tesla ou TotalEnergies, préférant préserver sa trésorerie pour le développement de ses véhicules plutôt que pour le béton et les câbles.
Foire Aux Questions (FAQ)
Les stations actuelles vont-elles fermer ?
Non, les 61 stations déjà ouvertes en France restent opérationnelles. Le plan prévoit même l'ouverture de quelques nouveaux sites pour atteindre 95 stations fin 2026.
Pourquoi les bornes sont-elles situées chez les concessionnaires ?
Cela permettait de réduire les coûts fonciers et d'entretien (nettoyage, surveillance) en s'appuyant sur les infrastructures existantes des garages de la marque.
Le déploiement reprendra-t-il un jour ?
Rien n'est exclu, mais pour l'instant, la priorité est donnée à la "valorisation des actifs existants". Une reprise dépendra probablement d'une hausse significative de la demande et de la rentabilité.