On pensait la Chine ennemie, Renault en a fait son inspiratrice. Après avoir échoué à s'y imposer commercialement, le constructeur français est retourné dans l'Empire du Milieu non pas pour vendre des voitures, mais pour y puiser ce que l'Europe semble avoir perdu : l'agilité industrielle.

Le premier fruit de cette stratégie ? La future Twingo électrique, une citadine "made in Europe" mais conçue en un temps record grâce aux méthodes chinoises.

Pourquoi Renault se tourne-t-il vers la Chine ?

Le constructeur français a beau être quasi absent du marché automobile en Chine, il y a pourtant installé son centre de R&D dernier cri, l’ACDC (Advanced China Development Centre), avec une mission claire : "apprendre et copier". Frappés par la rapidité d'exécution et l'innovation de l'écosystème local, les dirigeants de Renault ont compris que pour rivaliser avec les constructeurs chinois sur le terrain des voitures électriques abordables, il fallait adopter leurs méthodes.



Le résultat le plus spectaculaire de cette immersion est le temps de développement de la nouvelle Twingo : 21 mois seulement, là où un projet similaire en Europe en aurait nécessité près du double. "C'est ici que tout se passe", résume Philippe Brunet, le patron de l'ingénierie du groupe.

Comment Renault a-t-il "copié" les méthodes chinoises ?

Pour tenir ce pari fou, Renault a mis en place une méthode de travail radicalement nouvelle, baptisée la « co-création ». Plutôt que de développer seul et d'imposer un cahier des charges à ses fournisseurs, son équipe de 160 ingénieurs à Shanghai a travaillé main dans la main avec une trentaine de partenaires chinois triés sur le volet, comme le bureau d'études Launch Design.



Cela implique de revoir toute la chaîne de production : travailler sur plusieurs étapes en parallèle, accepter des prototypes "imparfaits mais fonctionnels" pour avancer plus vite, et intégrer les fournisseurs dès les premières phases de conception. C'est une révolution culturelle pour un constructeur européen.

Quel est l'impact sur les coûts et l'industrie européenne ?

L'objectif final de cette manœuvre est clair : proposer une citadine électrique désirable et fabriquée en Europe à moins de 20 000 euros. Le résultat est sans appel : 46 % de la valeur de la nouvelle Twingo est liée à des pièces conçues en Chine, ce qui a permis de réduire le coût global de la voiture de 29 %.



Cette stratégie met une pression immense sur les fournisseurs européens historiques, désormais mis en concurrence directe avec des acteurs chinois plus agiles et moins chers. Renault assure cependant vouloir rester un constructeur européen : la production de la Twingo sera bien assurée en Slovénie, et les achats en Chine ne représentent encore que 5 % du total du groupe.

Foire Aux Questions (FAQ)

La nouvelle Twingo sera-t-elle fabriquée en Chine ?

Non. C'est le point clé de la stratégie de Renault. Si une grande partie de l'ingénierie et de la conception des pièces a été réalisée en partenariat avec des entreprises chinoises, la production finale de la Twingo électrique pour le marché européen sera assurée dans l'usine de Novo Mesto, en Slovénie.

Qu'est-ce que le centre ACDC de Renault à Shanghai ?

L'ACDC (Advanced China Development Centre) est un centre d'ingénierie et de R&D que Renault a ouvert en 2023 à Shanghai. Sa mission n'est pas de développer des voitures pour le marché chinois, mais de s'immerger dans l'écosystème local pour apprendre et s'inspirer de l'agilité et de la compétitivité des acteurs chinois de l'automobile.

Renault a-t-il délégué la création de la Twingo à une entreprise chinoise ?

Non. Renault parle de "co-création". Le design et le style de la voiture restent 100 % français. Cependant, pour accélérer le développement, Renault a confié la conception technique de nombreuses pièces non stratégiques (comme la partie supérieure de la carrosserie) à des partenaires chinois comme Launch Design, tout en gardant la maîtrise de l'architecture globale, de la plateforme et de la motorisation.