Après une série d'essais russes sur des armes stratégiques, Donald Trump a ordonné la reprise des tests nucléaires américains, mettant fin à 33 ans de moratoire.

Le Kremlin tente de calmer le jeu en précisant la nature de ses tirs, mais l'escalade est enclenchée, ravivant les craintes d'une nouvelle course aux armements.

Le monde observe une pause précaire. Depuis 1992, les États-Unis n'ont pas procédé à d'essai nucléaire explosif. La Russie a stoppé les siens en 1990 et la Chine en 1996. Ce moratoire volontaire, bien que fragile, a maintenu un équilibre relatif.

C'est dans ce climat que s'inscrit la récente démonstration de force russe.

Le Kremlin dévoile ses "armes invincibles"

La séquence a débuté le 26 octobre 2025, lorsque Vladimir Poutine a annoncé le succès d'un essai du Burevestnik. Il s'agit d'un missile de croisière à propulsion nucléaire, surnommé "l'Éternel" pour sa portée "illimitée" (estimée à 14 000 km). Poutine l'a décrit comme une "création unique".

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Quelques jours plus tard, le 29 octobre, le président russe a récidivé en confirmant un test réussi du drone sous-marin Poseidon. Également à propulsion nucléaire, ce système hybride entre drone et torpille est conçu pour être indétectable, capable de plonger à plus d'un kilomètre et d'atteindre 70 nœuds. Selon Moscou, il n'existe "aucun moyen de l'intercepter".

Avec ses 110 tonnes et ses 20 mètres de long, le Poseidon est craint pour sa capacité à déclencher des "tsunamis radioactifs" en visant des villes côtières. Poutine a souligné qu'aucun autre pays ne possédait une telle capacité de dissuasion.

La réplique immédiate de Donald Trump

La réponse américaine ne s'est pas fait attendre. Face à ce que Washington perçoit comme une posture agressive, Donald Trump a pris une décision aux conséquences potentiellement cataclysmiques.

Le 30 octobre, il a annoncé avoir donné l'ordre au Département de la Guerre (anciennement DoD) de reprendre "immédiatement" les essais nucléaires américains.

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Dans un message sur son réseau social, le président américain a justifié cette mesure "sur une base d'égalité" avec les autres puissances. Bien qu'il n'ait pas explicitement cité les tirs russes, le calendrier ne laisse aucune place au doute. Trump a également visé la Chine, qualifiée de "lointain troisième" qui, selon lui, "rattrapera son retard en cinq ans".

L'ambiguïté demeure : Trump parle-t-il d'essais d'ogives explosives, ce qui briserait le moratoire de 1992, ou de tests de vecteurs (missiles, sous-marins), ce que les États-Unis font déjà régulièrement ? La première hypothèse ouvrirait, selon les démocrates et de nombreux experts, une véritable "boîte de Pandore".

Moscou tente de "refroidir les tensions"

Face à l'onde de choc provoquée par l'annonce de Trump, le Kremlin a rapidement tenté de minimiser la portée de ses propres essais. Le porte-parole Dmitry Peskov a insisté sur un point crucial : les tests du Burevestnik et du Poseidon n'étaient pas des essais nucléaires.

"Nous espérons que l'information a été correctement transmise au président Trump", a déclaré Peskov. Il a souligné qu'il s'agissait de tester les systèmes de propulsion et les vecteurs, et non les ogives atomiques elles-mêmes. "Cela ne peut en aucun cas être interprété comme un essai nucléaire", a-t-il martelé.

Moscou a cependant prévenu : si Washington décidait de rompre le moratoire sur les explosions atomiques, la Russie "agirait en conséquence". Une menace à peine voilée qui confirme la fragilité de l'équilibre actuel.

Vers une nouvelle course aux armements ?

Cette escalade verbale et militaire intervient dans un contexte déjà lourd. Les experts soulignent les risques d'une reprise des essais explosifs. Une telle décision serait "imprudente", coûterait cher, et déclencherait "certainement" des tests similaires en Russie, en Chine, et potentiellement en Inde et au Pakistan.

Pour certains observateurs, seuls les ingénieurs militaires et la Chine bénéficieraient d'une reprise des essais américains, permettant à Pékin de "rattraper son retard sur les données empiriques".

Selon le SIPRI (Stockholm International Peace Reearch Institute), la Russie possède le plus grand arsenal (4 309 ogives) devant les États-Unis (3 700). Mais c'est la Chine qui progresse le plus vite, visant 1 000 ogives d'ici 2030. L'ère des réductions d'armement, entamée après la Guerre Froide, semble bel et bien révolue.

La décision de Donald Trump, si elle se confirme comme une reprise des explosions, pourrait non seulement saper ses propres efforts passés de contrôle des armements, mais aussi accélérer l'entrée du monde dans une nouvelle ère de prolifération nucléaire compétitive. Mais il s'agissait avant tout d'envoyer un message fort.