Face à une demande explosive tirée par l'intelligence artificielle, Samsung augmente drastiquement les prix de ses puces mémoire DDR5. Cette hausse majeure crée une onde de choc sur le marché des serveurs et menace de faire grimper le coût des smartphones et ordinateurs pour les consommateurs.
Le secteur de la mémoire vive traverse une zone de turbulence majeure. La récente décision de Samsung de revoir ses tarifs à la hausse témoigne d'une tension profonde entre une offre limitée et une demande insatiable, orchestrée par la course effrénée à l'intelligence artificielle.
Une flambée des prix qui affole les compteurs
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre septembre et novembre, Samsung a augmenté les prix de certains de ses modules de mémoire DDR5 jusqu'à 60 %. Le module de 32 Go, pièce maîtresse de nombreux serveurs, est ainsi passé de 149 à 239 dollars.
D'autres composants cruciaux suivent cette tendance, comme les barrettes de 16 Go et 128 Go qui ont vu leur coût grimper de près de 50 %. Les grands constructeurs de serveurs et de centres de données savent désormais qu'ils n'accèderont pas aux volumes demandés, les contraignant à payer des primes extrêmes pour sécuriser leur approvisionnement.
L'IA, catalyseur d'une demande insatiable
La racine de cette crise se trouve dans l'expansion phénoménale des infrastructures dédiées à l'IA. La construction de centres de données capables de supporter des modèles de langage complexes consomme une part écrasante de la production mondiale de mémoire haute performance.
Cette pénurie a pris de court l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, créant un déficit majeur qui se propage à toute l'industrie. Les géants sud-coréens Samsung et SK Hynix ne parviendraient à honorer qu'environ 70 % de leurs commandes, laissant de nombreux clients face à des carnets de commandes partiellement vides et des stocks de sécurité inexistants.
Un effet domino sur toute la chaîne technologique
Les répercussions de cette situation ne se limitent pas aux serveurs. Le fondeur chinois SMIC a déjà signalé que certains de ses clients reportent des commandes pour d'autres types de puces, faute de pouvoir assembler leurs produits finis.
De son côté, le fabricant Xiaomi a averti que cette inflation des composants augmentait inévitablement le coût de production de ses smartphones. Le phénomène a même engendré des achats de panique, les entreprises cherchant à sécuriser des stocks avant de nouvelles hausses qui semblent inéluctables.
Une position de force inattendue pour Samsung
Paradoxalement, cette situation profite à Samsung. Bien qu'ayant pris un certain retard sur ses concurrents dans le développement de puces spécialisées pour l'IA, sa domination historique sur le marché de la mémoire traditionnelle lui confère un pouvoir de négociation considérable.
Selon les analystes, cette position lui permet d'imposer ses prix bien plus fermement que des rivaux comme SK Hynix ou Micron, qui disposent de moins de leviers dans les négociations actuelles.
Le retour à la normale ne semble donc pas pour demain. Des experts comme Ellie Wang de TrendForce anticipent que Samsung pourrait encore augmenter ses prix de 40 à 50 % d'ici la fin de l'année.
Preuve que le secteur s'installe dans la durée, les entreprises sécurisent déjà des contrats à long terme courant jusqu'en 2026, voire 2027, signalant que le marché s'attend à ce que cette tension sur l'offre et les prix élevés perdurent.