La Russie place régulièrement en orbite des satellites aux objectifs obscurs lui permettant de tester des technologies et armements préparant la guerre spatiale de demain.
Le satellite Cosmos 2553, lancé en février 2022, peu avant le début du conflit avec l'Ukraine, est un objet très particulier dans la mesure où il est soupçonné de servir à évaluer le principe d'une bombe nucléaire capable de détruire des constellations entières en détonant à haute altitude.
Il fait l'objet d'un suivi spécifique par la Space Force américaine et il avait ouvert le débat début 2024 sur les nouvelles menaces que fait courir la Russie dans l'espace terrestre proche.
Cette dernière a toujours qualifié Cosmos 2553 d'outil scientifique mais l'armée américaine suppose qu'il s'agit d'une plate-forme de test préparant un futur armement nucléaire spatial, point de vue partagé par le CSIS (Center for Strategic International Studies) dans son récent rapport sur les nouvelles menaces spatiales.
Comos 2553, un satellite russe aux manoeuvres intrigantes
Le problème est que ce satellite, suivi à la trace par plusieurs entreprises de supervision des constellations de satellites, a commencé à montrer des signes de dysfonctionnement l'an dernier, avec notamment une rotation incontrôlée.
Selon des analyses de trajectoire d'entreprises comme Slingshot Aerospace et LeoLabs, le satellite semblait alors inopérant et hors de contrôle, avec un risque de chute.
Toutefois, les mesures plus récentes suggèrent que l'appareil s'est stabilisé depuis. A-il connu une défaillance ou ces mouvements de rotation faisaient-ils partie de l'expérience ? Mystère.
Toujours est-il que sa position à 2000 kilomètres d'altitude dans une zone aux radiations plus fortes habituellement évitée par les satellites commerciaux évoque bien des essais de résistance aux radiations.
Le suivi des satellites, une activité stratégique en pleine croissance
Le suivi des constellations de satellites est un domaine en évolution rapide et généralement appuyé par l'intelligence artificielle qui permet de détecter des schémas dans de grands flux de données de positionnement et de trajectoires pour détecter les comportements anormaux.
Cette capacité sert autant à repérer le dysfonctionnement de satellites qu'à identifier des menaces potentielles qui se cacheraient par exemple dans des constellation à l'aspect anodin.
L'objectif est aussi d'interpréter correctement les anomalies observées et de savoir distinguer les incidents des menaces pour éviter tout risque de méprise ou d'escalade.