L'organisation syndicale la plus influente d'Allemagne s'invite dans les débats liés au développement du SCAF. Dans une missive au vitriol adressée directement aux ministères de la Défense et des Finances à Berlin, IG Metall trace une ligne rouge sanglante : la collaboration avec les entreprises françaises reste la bienvenue, mais Dassault est désormais persona non grata.

Cette prise de position radicale risque de paralyser un chantier déjà miné par huit années de rivalités et de retard.

Quelle est la teneur exacte de cet ultimatum allemand ?

Le message envoyé par Jürgen Kerner, vice-président du syndicat, ne s'embarrasse pas de diplomatie. Dans cette lettre datée du 8 décembre, il affirme sans détour que si l'amitié franco-allemande est sacrée, l'attitude de l'avionneur français, elle, ne passe plus. Le syndicat accuse ouvertement le groupe de bafouer les principes du projet Scaf pour des raisons purement égoïstes.

SCAF 01

Ce refus de coopérer n'est pas anodin venant d'une telle puissance sociale. Il met une pression immense sur le chancelier Olaf Scholz et son gouvernement, sommés de choisir entre la paix sociale et la poursuite du programme avec leur partenaire historique. Cette fronde intervient alors même que les ministres des Armées des trois pays partenaires (France, Allemagne, Espagne) doivent se réunir en urgence pour tenter de sauver les meubles.

Pourquoi Dassault cristallise-t-il autant de tensions ?

Le cœur du problème reste la lutte acharnée pour le leadership industriel. Désigné chef de file sur le pilier de l'avion de chasse, Dassault Aviation défend bec et ongles sa propriété intellectuelle face à Airbus, géant européen aux racines allemandes. Pour IG Metall, cette posture de défense des intérêts nationaux français est perçue comme un frein inacceptable à une véritable coopération européenne équilibrée.

Scaf concept avion combat europe

Les relations entre les deux industriels sont électriques depuis des mois. Dassault a plusieurs fois rappelé qu'il avait les capacités techniques de concevoir l'appareil seul si nécessaire, une déclaration vécue comme une provocation outre-Rhin. Cette guerre d'ego et de brevets technologiques empêche le programme d'avancer sereinement, transformant chaque étape de validation en un bras de fer politique épuisant.

L'avenir du chasseur européen est-il compromis ?

Avec cette nouvelle levée de boucliers, l'objectif de 2040 pour le remplacement des flottes actuelles semble de plus en plus ambitieux, voire irréaliste. Le futur avion de combat de sixième génération, censé succéder au Rafale et à l'Eurofighter, reste pour l'instant embourbé dans des querelles de clocher. Si la France et l'Allemagne ne parviennent pas à crever l'abcès rapidement, le projet pourrait finir par imploser.

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L'enjeu est colossal : il s'agit de garantir la souveraineté aérienne du vieux continent pour la seconde moitié du siècle. Mais sans un accord solide sur le partage des tâches industrielles, le SCAF restera un "serpent de mer". La balle est désormais dans le camp des politiques, qui devront déployer des trésors de persuasion pour ramener IG Metall et Dassault à la table des négociations sans perdre la face.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le projet SCAF exactement ?

Le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) est un projet européen lancé en 2017. Il vise à développer un "système de systèmes" interconnecté autour d'un avion de chasse de nouvelle génération, destiné à remplacer les Rafale et Eurofighter à l'horizon 2040.

Pourquoi les syndicats allemands ont-ils autant de pouvoir ?

En Allemagne, le modèle de cogestion donne aux syndicats comme IG Metall un poids considérable dans les décisions stratégiques des grandes entreprises et une écoute attentive du gouvernement. Leur veto peut réellement bloquer des processus industriels majeurs.

Dassault peut-il vraiment faire l'avion tout seul ?

Techniquement, Dassault Aviation affirme en avoir la capacité, fort de son expérience avec le Rafale. Cependant, le coût financier d'un tel développement en solo serait astronomique, sans compter la perte de l'effet d'échelle et du marché européen commun.