Freinée dans son effort de développement en matière de semi-conducteurs et d'électronique par des restrictions commerciales toujours plus fortes imposées par les Etats-Unis, la Chine a commencé à réagir.

Tout en finançant massivement son industrie locale, elle a déposé une requête auprès de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) contre les Etats-Unis il y a quelques mois.

Certaines entreprises chinoises étant placées sur liste noire pour leurs liens supposés avec l'armée et les services de renseignement, les autorités ont répliqué en lançant une investigation contre le spécialiste américain des composants mémoire Micron, déconseillant l'utilisation de ses composants dans les applications et infrastructures sensibles chinoises.

Après les métaux stratégiques, les terres rares ?

Et puisque les Etats-Unis continuent d'empiler les mesures répressives, la Chine veut frapper plus fort. A partir du mois d'août, les exportations de gallium et de germanium, deux métaux stratégiques pour les semi-conducteurs, seront désormais soumises à une licence spéciale.

Les Etats-Unis, l'Europe et le reste de l'Asie en sont à évaluer l'impact de cette mesure sur leurs activités industrielles mais elles ne seraient qu'un premier pas vers d'autres mesures contraignantes sur les exportations.

La Chine est l'un des principaux exportateurs de terres rares et de métaux stratégiques et a déjà joué l'argument de la menace de restrictions sur les volumes pour obtenir gain de cause dans ses négociations internationales.

Les filières en sont donc à tenter de sécuriser les approvisionnements alternatifs, faisant bondir le cours des fournisseurs secondaires du marché et le prix des matières première concernées.

L'accès au graphite peut aussi être un moyen de pression

L'ancien vice-ministre chinois du commerce Wei Jianguo a notamment laissé entendre que les contre-mesures se multiplieront si les restrictions commerciales contre le secteur high-tech chinois se poursuivent, indique l'agence Reuters.

L'annonce des restrictions sur l'exportation du gallium et du germanium est déjà un signal fort adressé au gouvernement américain juste avant la visite de la Secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen en Chine ce jeudi, même si le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères indique que les mesures ne visent pas un pays en particulier.

Au-delà des terres rares qui peuvent constituer un point de crispation à venir, la Chine a d'autres moyens de pression comme le contrôle de la production de graphite utilisé pour les anodes des batteries électriques des véhicules. Un blocage de ce côté pourrait mettre à genoux l'industrie automobile mondiale et donner l'avantage aux constructeurs chinois, déjà très présents sur le segment.

Source : Reuters