Pour empêcher la Chine de les rattraper sur le plan technologique, les Etats-Unis ont multiplié les mesures de blocage freinant l'accès des entreprises chinoises aux technologies américaines, même lorsqu'elles sont utilisées par le biais d'entreprises non US.
Les mesures s'étendent à de nouveaux domaines, comme l'intelligence artificielle, au nom de la sécurité nationale et par crainte de voir les technologies US être utilisées par l'armée chinoise contre les Etats-Unis dans un contexte de tensions grandissantes.
La Chine a toujours clamé ses bonnes intentions et a peu de leviers pour renverser la tendance. Tout en investissant massivement pour développer les technologies qui lui permettront de se passer du savoir-faire étranger, elle peut tout de même intervenir sur un point : l'approvisionnement en matières premières dont elle est largement exportatrice, à savoir les terres rares et certains métaux stratégiques.
Une mesure qui inquiète l'UE
En annonçant vouloir limiter à partir du mois d'août 2023 ses exportations de gallium et de germanium, métaux "rares" largement utilisés dans les semi-conducteurs, le gouvernement chinois lance un signal fort au reste du monde.
Le geste est d'abord une réponse aux actions des Etats-Unis mais son impact risque de se ressentir jusqu'en Europe et en Asie. De fait, la Commission européenne a exprimé son inquiétude à l'annonce des mesures de restriction chinoise.
Elle a notamment appelé la Chine à respecter les accords internationaux d'échanges commerciaux dans le cadre des règles de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et indique préparer "une analyse détaillée de leur impact potentiel sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et l'industrie européenne".
Réponse face aux restrictions US
L'annonce chinoise intervient après la décision des Pays-Bas de renforcer les restrictions concernant les exportations d'équipement de pointe pour la fabrication des semi-conducteurs via l'entreprise ASML, rare spécialiste des équipements de lithogravure.
L'Europe est également en phase de relocalisation des moyens de production de puces sur son territoire avec l'objectif de représenter 20% de la production de puces mondiales d'ici 2030. Des restrictions dans les approvisionnements en matières premières pourraient mettre à mal cet objectif et freiner la conception de puces avancées.
De leur côté, les Etats-Unis préparent de nouvelles restrictions concernant l'accès des entreprises chinoises aux puces dédiées à l'intelligence artifcielle et aux fournisseurs de services cloud qui seraient mises en place à partir du mois d'octobre.
On notera que l'Europe a envisagé elle aussi d'imposer des restrictions commerciales à la Chine pour limiter les usages détournés (dont militaires) de ses technologies. Mais cela pourrait encore attiser la colère chinoise et provoquer de nouvelles réactions de représailles.