Le lancement fin 2023 des smartphones Huawei Mate 60 équipés d'une puce Kirin 9000S gravée en 7 nm n'a pas fini de faire des vagues au sein du gouvernement américain.
Ce dernier a renforcé le champ des restrictions visant à empêcher la Chine d'exploiter les dernières technologies de gravure de puces et les équipements correspondants.
Malgré tout, l'industrie chinoise est désormais en capacité de produire des puces en 7 nm, même si c'est en utilisant des équipements d'ancienne génération sans doute poussés dans leurs retranchements, avec de grosses contraintes de coûts et des rendements faibles.
Un réseau clandestin de fournisseurs au service de Huawei
Le groupe Huawei, particulièrement visé par les restrictions américaines, arriverait tout de même à accroître ses capacités de production grâce à un réseau d'entreprises non directement visées par les sanctions et qui l'alimenteraient secrètement en matières premières et équipements.
L'alerte a été donné par des parlementaires américains dans un courrier adressé à la secrétaire d'Etat au Commerce Gina Raimondo, vu par l'agence Bloomberg. Ils y décrivent un véritable réseau clandestin de dizaines d'entreprises chinoises en réalité au service de Huawei pour échapper à l'embargo qui lui est imposé sur les technologies des puces.
Les parlementaires saluent les efforts déjà menés pour empêcher Huawei d'accéder aux équipements et procédés avancés de gravure mais notent que des failles dans le dispositif constituent toujours une menace pour la sécurité nationale.
Au moins une centaine d'entreprises pourraient rejoindre la liste noire des Etats-Unis freinant les échanges commerciaux pour véritablement freiner Huawei dans sa course aux puces. Mais si cela permettra de durcir l'embargo, une telle mesure risque aussi d'avoir des effets négatifs sur les fournisseurs d'équipements occidentaux.
Des restrictions qui finissent par affaiblir les entreprises américaines
La publication des résultats financiers affaiblis de la société néerlandaise ASML a jeté un froid sur l'industrie électronique. Entre les reports de mise en service d'équipements de pointe dans les usines de puces de Samsung sur le sol américain et les perspectives moroses d'un marché chinois devenant de moins en moins accessible, le spécialiste des équipements de lithographie se retrouve en mauvaise posture et entraîne à sa suite bon nombre d'entreprises des semi-conducteurs.
Equipement de lithographie DUV produit par ASML
Bloomberg indique d'ailleurs que les acteurs du marché aux Etats-Unis font le forcing pour éviter de nouveaux durcissements des mesures contre les entreprises chinoises sous peine d'y laisser des plumes eux aussi.
Le gouvernement américain semble pourtant bien décidé à sévir, ce qui pourrait aller jusqu'à bloquer les exportations d'entreprises non américaines, comme ASML aux Pays-Bas ou Tokyo Electron au Japon, les gouvernements de ces pays hésitant à suivre les Etats-Unis pour ne pas risquer une riposte commerciale chinoise.