Le groupe chinois Huawei a surpris son monde en dévoilant une gamme de smartphone Mate 60 fin 2023 dotée d'un processeur Kirin 9000S gravé en 7 nm. Or, les Etats-Unis ont multiplié les mesures et les restrictions commerciales pour empêcher le fondeur chinois SMIC d'arriver à cette finesse de gravure.
Les deux entreprises ont réussi à pousser d'anciens équipements de lithographie DUV pour les amener dans leurs retranchements et parvenir à graver plus fins que ce qu'ils sont censés permettre.
L'intelligence artificielle étant un domaine en plein essor, Huawei a lancé une puce Ascend 910B également gravée en 7 nm et dérivée d'un SoC qui avait été lancé avant les restrictions US.
Une faible production handicapante
Si la Chine sait graver en 7 nm (et peut-être bientôt en 5 nm), cela se fait au prix d'une consommation importante des ressources et avec des rendements plutôt limités qui imposent également des choix stratégiques.
L'agence Reuters avait déjà signalé en début d'année que Huawei semblait avoir privilégié la production de la puce Ascend 910B par rapport au Kirin 9000S pour répondre aux besoins de puces IA en Chine, quitte à sacrifier un peu de ses ventes de smartphones pourtant en forte remontée.
Le composant Ascend 910B doit notamment servir de substitut aux accélérateurs IA de type Nvidia A100 qui font l'objet de restrictions d'importation. La publication coréenne Chosun.biz va plus loin en donnant un ordre d'idée des rendements pour la puce Ascend 910B et des difficultés pour en augmenter la production.
Difficile de faire mieux
Selon elle, le rendement ne dépasserait pas 20%, ce qui signifie que la plupart des puces produites sur wafer sont défectueuses, obligeant à un long travail de vérification et au recyclage (si les défauts restent limités et avec des performances plus limitées) ou à la destruction d'un grand nombre de puces, avec la consommation de matières premières qui l'accompagne.
En n'ayant pas accès à des équipements plus récents et en risquant de voir les opérations de maintenance et de changement de pièces être également restreintes, il sera compliqué d'améliorer la production et de descendre beauocup plus bas sur les noeuds de gravure.
La Chine ne manque pas de ressources et des surprises restent toujours possibles mais ses aspirations à l'indépendance de son industrie vis à vis des semiconducteurs risquent d'être contrariées, au moins à court et moyen terme.