L'invasion de l'île de Taiwan par la Chine est une possibilité qui a pris de l'ampleur à mesure que les tensions géostratégiques avec les USA augmentent. L'Empire du Milieu ne cache pas son intention de récupérer un jour ou l'autre cette portion d'un territoire qu'elle considère comme sien et la moindre provocation pourrait lui donner l'occasion de mettre en application ce dessein.

Derrière les agitations politiques, il y a aussi des motifs économiques. Taiwan est la terre du fondeur TSMC, leader de la production de puces électroniques, et ses usines de production utilisant les techniques de gravure les plus fines du marché constituent un enjeu que la Chine pourrait être tentée de récupérer à son profit.

Depuis plusieurs années maintenant, les Etats-Unis font barrage aux ambitions chinoises de développer une industrie des semi-conducteurs fortes en freinant l'accès aux technologies et aux usines avancées.

La Chine peut-elle mettre main basse sur les usines ?

La Chine est ainsi bloquée au noeud 14 nm (voire 7 nm en exploitant d'anciennes techniques de gravure jusqu'à leurs limites) et ne peut en principe accéder à la technologie permettant de graver plus fin, notamment grâce à la lithographie EUV.

Mettre la main sur les usines de TSMC à l'occasion d'une reprise en main de Taiwan est donc un scénario à prendre en compte et de nature à rebattre les cartes, alors que les efforts de relocalisation des moyens de production aux Etats-Unis et en Europe n'en sont qu'à leurs débuts.

Wafer

Le président de TSMC avait déjà souligné l'an dernier que prendre le contrôle direct des usines ne suffirait pas à les faire fonctionner correctement, tant leur exploitation dépend de ressources internationales multiples qui s'en trouveraient interrompues.

Mais cela n'empêcherait sans doute pas la Chine de piller les sites et de récupérer les équipements ainsi que de précieuses informations sur les procédés de fabrication des puces.

Dans cette hypothèse, les Etats-Unis pourraient être amenés à bombarder préventivement les usines de TSMC en cas de conflit ouvert, selon un ancien conseiller à la sécurité nationale de l'administration Trump.

Les USA auront-ils le choix en cas de conflit ?

Et il ne s'agit pas simplement d'une vue de l'esprit. Dans les médias taiwanais, le ministre de la défense nationale a indiqué que Taiwan ne tolèrera pas une destruction des sites de TSMC par les USA dans le cadre d'un conflit avec la Chine, malgré la proximité qui les réunit face au risque d'une invasion.

L'alliance naturelle entre Taiwan et les USA pourrait trouver là un point de discorde et le gouvernement taiwanais semble ainsi réagir à des propos du membre du Congrès américain Seth Moulton qui souhaiterait utiliser cette menace comme argument destiné à freiner une invasion chinoise de Taiwan.

Mais si l'île n'entend pas devenir une victime expiatoire des tensions sino-américaines, il serait sans doute difficile d'éviter un pragmatisme américain libéré de ses contraintes diplomatiques et attentif à ce que la Chine reste en position d'infériorité dans le domaine des puces électroniques.

Le principe de sécurité nationale, au coeur des différentes initiatives contre la Chine, risquera sans doute de prévaloir dans un tel contexte, pour ne pas risquer voir l'autre superpuissance la surpasser dans les semiconducteurs, et par extension dans de nombreux domaines scientifiques, high-tech et militaires.

Source : Tom's Hardware