Face au grand risque d'un rejet de la part des régulateurs d'un rapprochement entre Bouygues Telecom et SFR, malgré la promesse qu'un retour du marché à trois opérateurs n'est pas néfaste pour les consommateurs, le groupe Bouygues prépare une alliance avec Free pour lui céder son réseau de 15 000 antennes et des fréquences mobiles.
Le journal Les Echos évoque les lots suivants :
- 5 MHz dans la bande 900 MHz (2G et 3G)
- 15 MHz dans la bande 1800 MHz (2G, 3G et 4G, si Free obtient l'autorisation de l'exploiter en ce sens)
- 10 MHz dans la bande 2100 MHz (3G)
- de 5 à 10 MHz dans la bande 800 MHz (4G)
La bande 800 MHz constitue le ressort secret de l'accord. Free n'avait pas enchéri pour cette bande durant son enchère, se contentant de récupérer des fréquences en bande 4G 2600 MHz, et évitant ainsi de dépenser des centaines de millions d'euros en licence.
Un dossier réglementaire très complexe
Bien lui en a pris puisque si l'accord se fait avec Bouygues, il récupérera un réseau complet et une jolie portion de la bande 800 MHz pour 1,8 milliard d'euros. Une excellente affaire qui apporte des fréquences ayant une bonne pénétration dans les batîments et habitations et une plus grande portée pour les antennes, et qui pousse logiquement Xavier Niel à positionner très franchement en faveur d'un rapprochement Bouygues - SFR.
Sur le papier, tout s'enchaîne de façon séduisante mais le grain de sable pourrait toujours venir de l'Arcep, régulateur français des télécommunications qui va devoir plancher sur ce scénario inédit de revente de fréquences.
Ce procédé s'est déjà déroulé dans d'autres pays (aux Etats-Unis, notamment), mais ce serait une première en France...ce qui ne plaide pas pour une résolution rapide du dossier, alors que tout montre que Vivendi veut conclure le rachat de SFR à bref délai.
Entre Orange qui n'hésitera pas à mettre les pieds dans le plat et à réclamer aussi des fréquences au nom du rééquilibrage du jeu de la concurrence, et le gouvernement qui risque de devoir faire une croix sur son projet d'attribution rapide des fréquences de la bande 700 MHz dont il espérait plus de 3 milliards d'euros,