On ne s'ennuie jamais dans le secteur des télécoms. C'est un peu comme une série à rebondissements : on pense que le casting est stable, et hop, un nouvel épisode vient tout chambouler. Aujourd'hui, c'est donc SFR qui est au cœur de toutes les conversations de salon (et des salles de marché). L'opérateur, actuellement dans le giron d'Altice, le groupe du très médiatique Patrick Drahi, serait-il sur le départ ? Officiellement, motus et bouche cousue, comme souvent dans ces cas-là. Mais en coulisses, ça s'agite sévère. Deux noms reviennent avec insistance pour une éventuelle reprise : le patron de Free, Xavier Niel, jamais le dernier pour un bon coup, et le solide groupe Bouygues Telecom. Autant dire que si ça se fait, ça ne va pas être une simple formalité.
Pourquoi SFR serait-il sur la sellette ? La faute à la dette ?
Mais alors, pourquoi Patrick Drahi, qui s'est battu comme un lion pour construire son empire Altice, envisagerait-il de se séparer de sa pépite française SFR ? La réponse tient en un mot, ou presque : la dette, et l'on ne parle pas d'une petite dette, mais d'un gouffre colossal de 60 milliards d'euros. Ce n'est un secret pour personne, le modèle économique de Patrick Drahi repose beaucoup sur l'endettement pour financer ses acquisitions. Et quand la dette devient trop lourde, il faut parfois savoir se délester de quelques bijoux de famille pour respirer un peu. Vendre SFR, ou une partie, permettrait à Altice d'alléger considérablement son fardeau financier. Même si, pour l'instant, le groupe dément toute velléité de vente, le marché, lui, y croit.
Sachant que depuis son acquisition, SFR n'a pas permis à Altice de dégager du bénéficie, et que la dette de l'opérateur seule représente 15,5 milliards d'euros, la vente de l'opérateur pourrait permettre à Altice de souffler un peu, et de calmer les créanciers ainsi que les investisseurs.
Le match Niel vs Bouygues : qui veut la peau de SFR ?
Si le panneau "À vendre" était officiellement accroché à la porte de SFR, on assisterait à un sacré combat de coqs. D'un côté, Xavier Niel. Le fondateur de Free, c'est un peu l'électron libre des télécoms, celui qui aime casser les codes et faire trembler les géants. Mettre la main sur SFR lui donnerait une force de frappe considérable pour aller titiller encore plus sérieusement Orange. De l'autre côté, Bouygues Telecom. Eux aussi, ils ont déjà lorgné sur SFR par le passé. Pour Martin Bouygues, ce serait l'occasion rêvée de revenir à un marché avec moins d'acteurs, ce qui, selon certains, est meilleur pour la rentabilité. Imaginez un peu le duel en coulisses, les offres et les contre-offres... Ça promet du spectacle !
Mais on pourrait également assister à un match nul... Car même si SFR n'a plus l'aura d'il y a 10 ans, l'opérateur reste encore un géant sur le secteur. Ainsi, difficile d'envisager la revente à un seul opérateur sans faire bondir le régulateur de la concurrence... Le seul scénario possible serait la fragmentation de l'opérateur et une division des actifs vers Free et Bouygues Telecom afin de ne pas trop déstabiliser le marché ni de trop le déséquilibrer.
Et si le grand gagnant, c'était Drahi ?
Au milieu de cette foire d'empoigne potentielle, il y en a un qui pourrait bien se frotter les mains : Patrick Drahi lui-même. Car qui dit duel entre deux acheteurs motivés, dit souvent... montée des enchères ! Si Niel et Bouygues se battent vraiment pour racheter SFR, le prix de la mariée pourrait s'envoler. Une excellente nouvelle pour Altice, qui pourrait ainsi se désendetter dans de très bonnes conditions. Bien sûr, il ne faut pas oublier le gendarme du secteur, l'Autorité de la concurrence, qui aura son mot à dire. Pas question qu'un tel rachat se fasse au détriment des consommateurs. Mais une chose est sûre, si cette vente se confirme, le paysage des télécoms français risque d'être secoué comme rarement.