Après plus d'une semaine de retard causé par une avarie sur leur vaisseau, l'équipage de la mission Shenzhou-20 a finalement regagné la Terre.
Ce retour s'est opéré dans des conditions exceptionnelles, obligeant les astronautes chinois à emprunter la capsule de leurs successeurs, un événement qui met en lumière la menace grandissante des débris orbitaux et la nécessité de trouver des parades.
Un retour sous haute tension
La mission des trois taïkonautes, Chen Dong, Chen Zhongrui et Wang Jie, approchait de son terme après six mois passés à bord de la station spatiale Tiangong.
Le retour était programmé pour le 5 novembre, mais un grain de sable, ou plus exactement un impact, a grippé la mécanique bien huilée du programme spatial chinois. Des inspections ont révélé de minuscules fissures sur le hublot de la capsule de retour de Shenzhou-20, la rendant impropre à garantir une rentrée atmosphérique sécurisée.
L'origine de ces dégâts pointe vers une collision avec un petit débris spatial. Cet incident, bien que mineur en apparence, a suffi pour que l'Agence spatiale chinoise (CMSA) prenne la décision radicale de clouer en orbite le vaisseau endommagé. La sécurité de l'équipage primant sur tout le reste, le plan de vol initial a été purement et simplement annulé.
Le plan B : un échange de capsules en orbite
Face à cette situation inédite, la Chine a dû faire preuve d'une grande réactivité. La solution est venue de l'équipage de relève, arrivé à bord de la station spatiale Tiangong le 31 octobre avec la mission Shenzhou-21.
Après neuf jours d'attente et de cohabitation, les astronautes de Shenzhou-20 ont donc embarqué à bord du vaisseau Shenzhou-21 pour effectuer leur retour sur Terre. Ils ont atterri en toute sécurité sur le site de Dongfeng, en Mongolie-Intérieure.
Pendant ce temps, la capsule Shenzhou-20 endommagée n'est pas perdue pour autant. Elle restera amarrée à la station pour servir de plateforme à diverses expériences scientifiques, son rôle de véhicule de transport étant désormais terminé.
Cet échange forcé de vaisseaux constitue une première et démontre à la fois la flexibilité du programme chinois et la réalité du danger que représentent les débris en orbite basse.
Quelles conséquences pour le programme spatial chinois ?
Ce sauvetage orbital n'est pas sans conséquences logistiques. L'équipage de Shenzhou-21, qui vient de commencer sa mission de six mois, se retrouve actuellement sans véhicule de retour désigné.
L'agence spatiale a déjà annoncé que la prochaine mission, Shenzhou-22, sera lancée « à un moment opportun » pour venir les récupérer. Cette mission pourrait être lancée sans équipage, dans le seul but de livrer une capsule de retour fonctionnelle.
Cet événement rappelle que si la Chine a accompli des progrès spectaculaires, avec des projets ambitieux comme l'accueil d'astronautes étrangers ou un alunissage d'ici 2030, elle n'est pas à l'abri des aléas de l'exploration spatiale.
La prolifération des débris est une préoccupation majeure pour toutes les nations spatiales, et cet incident, géré avec succès, servira sans doute de leçon pour renforcer la protection des futurs véhicules habités. La course à l'espace se joue aussi sur la capacité à anticiper et à gérer ces menaces invisibles.
L'épisode n'est pas non plus sans rappeler celui de la Station Spatiale Internationale après les déboires de la capsule Starliner de Boeing, forcée de revenir sur Terre à vide et laissant ses astronautes plus de six mois sans solution de retour avant qu'une capsule Dragon du concurrent SpaceX ne vienne les récupérer.