Dans une discrétion absolue, les entreprises Impulse Space et Starfish Space ont mené à bien la mission Remora, une démonstration de rendez-vous orbital autonome réalisée en orbite basse.

En s'appuyant sur une architecture logicielle avancée plutôt que sur des capteurs lourds, cette réussite valide des technologies clés pour l'avenir de la maintenance satellitaire et la gestion des débris.

La maîtrise des trajectoires dans le vide spatial a longtemps été l'apanage des agences gouvernementales disposant de budgets colossaux. Aujourd'hui, la donne change radicalement avec l'émergence de solutions commerciales capables d'effectuer des opérations de proximité avec une précision chirurgicale.

La mission Remora, récemment révélée, illustre parfaitement cette transition vers une orbite terrestre basse plus accessible et mieux gérée. Contrairement aux approches traditionnelles qui multiplient les capteurs onéreux, cette initiative mise sur l'intelligence logicielle pour compenser la simplicité matérielle, ouvrant ainsi la voie à des opérations spatiales plus économiques et plus fréquentes.

Une chorégraphie spatiale orchestrée par logiciel

Le cœur de cette mission reposait sur une collaboration étroite entre deux entités montantes du secteur : Impulse Space et Starfish Space. Le véhicule de transfert Mira, lancé en janvier 2025 lors de la mission LEO Express 2, a servi de plateforme pour cette démonstration audacieuse.

Ce dernier, d'une taille comparable à un lave-vaisselle, ne s'est pas contenté de déployer ses charges utiles habituelles. Il a secrètement entamé une série de manœuvres autonomes complexes pour rejoindre son prédécesseur, un autre véhicule Mira lancé plus d'un an auparavant.

Starfish Space Cetacean logiciel guidage satellite

La véritable prouesse réside dans l'intégration de la suite logicielle de navigation de Starfish, baptisée Cetacean et Cephalopod. Ce « cerveau » numérique a pris le contrôle des propulseurs chimiques du véhicule pour le guider à travers le vide.

L'expérimentation cherchait à prouver qu'un logiciel de guidage tiers pouvait piloter efficacement une plateforme étrangère. Le succès de cette opération démontre une interopérabilité rare dans ce secteur, suggérant que les futurs satellites pourraient être conçus de manière plus modulaire et polyvalente.

La simplicité matérielle comme prouesse technologique

Ce qui distingue fondamentalement la mission Remora des précédents rendez-vous spatiaux, c'est l'économie de moyens déployée pour atteindre sa cible.

Habituellement, un tel rapprochement exige une batterie de capteurs sophistiqués, incluant des LIDARs et des radars coûteux pour évaluer les distances et les vitesses relatives.

Ici, les ingénieurs ont fait le pari de la simplicité en utilisant une unique caméra optique fournie par TRL11. C'est le triomphe de l'algorithme sur le matériel : le système a su interpréter les images en temps réel pour ajuster sa trajectoire avec une précision redoutable.

Remora Mission

Les résultats parlent d'eux-mêmes : le chasseur s'est approché à environ 1 250 mètres de sa cible, validant la fiabilité du système de navigation en boucle fermée. Cette distance, bien que modeste à l'échelle terrestre, représente une performance notable à des vitesses orbitales de plusieurs kilomètres par seconde.

En réussissant ce tour de force avec des capteurs optiques standards, Starfish et Impulse prouvent qu'il n'est pas nécessaire de transformer un satellite en sapin de Noël technologique pour réaliser des opérations de proximité sécurisées.

Des implications stratégiques pour la maintenance satellitaire

Au-delà de la démonstration technique, Remora sert de tremplin pour les ambitions futures de Starfish Space, notamment pour son futur véhicule Otter. Ce dernier, destiné à inspecter, réparer ou désorbiter des satellites en fin de vie, s'appuiera directement sur les technologies validées lors de ce vol.

Starfish Otter vehicule service spatial

La capacité à s'approcher d'un objet non coopératif est la pierre angulaire des futurs services en orbite, un marché estimé à plusieurs milliards de dollars dans les décennies à venir.

L'agilité démontrée par la plateforme Mira confirme également que les véhicules de transfert actuels peuvent évoluer vers des rôles plus dynamiques. Alors que les orbites s'encombrent, la capacité à intervenir sur des débris spatiaux ou à ravitailler des actifs stratégiques devient cruciale.

Avec des contrats déjà signés auprès de la NASA et de l'US Space Force pour 2026, cette mission réussie agit comme un sceau de crédibilité indispensable pour passer du stade de concept à celui d'opérateur industriel incontournable.