SpaceX a proposé à la Nasa une refonte de sa contribution à la mission Artemis 3. Une " architecture de mission et un concept d'opérations simplifiés ", pour garantir un " retour plus rapide sur la Lune ", tout en améliorant la sécurité de l'équipage.

Cette annonce est une réponse directe aux récentes tensions avec l'Agence spatiale américaine, qui s'inquiète des délais de développement du Starship et de sa future version HLS (Human Landing System) pour l'alunissage habité. Ce dernier n'est désormais pas attendu avant mi-2027.

La Nasa met la pression sur SpaceX

Le contexte est tendu pour le programme Artemis. L'administrateur par intérim de la Nasa, Sean Duffy, a publiquement exprimé son impatience. " J'adore SpaceX, c'est une entreprise incroyable. Le problème, c'est qu'ils sont en retard. " Il a évoqué une course engagée contre la Chine qui vise un alunissage habité d'ici 2030.

Sean Duffy a menacé d'ouvrir le contrat HLS de SpaceX à des concurrents, citant Blue Origin, pour trouver des approches d'accélération. Patron de SpaceX, Elon Musk avait réagi avec son tact habituel teinté d'insultes.

La proposition de SpaceX pour une mission simplifiée apparaît donc comme une tentative de rassurer son principal client et de conserver l'exclusivité sur la mission Artemis 3, remportée en 2021.

SpaceX revendique des progrès sur le Starship lunaire

Dans une publication, SpaceX défend son bilan et la viabilité de son approche à deux voies : le développement du système Starship (autofinancé à 90 %) et la configuration HLS spécifique à la Nasa.

L'entreprise affirme avoir déjà franchi 49 jalons contractuels, dont " la grande majorité a été atteinte à temps ou en avance sur le calendrier. " Ces jalons incluent des tests sur les systèmes de support de vie, les boucliers contre les micrométéorites, les pieds d'atterrissage et des démonstrations de l'ascenseur à équipage.

SpaceX souligne par ailleurs que son contrat à prix fixe protège les contribuables américains de toute augmentation des coûts de développement.

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Le principal point de friction

Pour que le Starship HLS atteigne la Lune, il doit être ravitaillé en orbite terrestre par plusieurs vols. Cette opération complexe de transfert d'ergols (oxygène et méthane liquides) n'a jamais été réalisée à cette échelle.

SpaceX confirme un retard à ce sujet, et indique qu'un test de ravitaillement en vol, ainsi qu'un vol de longue durée, sont tous deux prévus pour 2026. Pas forcément de quoi rassurer la Nasa à ce stade.

Le calendrier pour SpaceX dépendra des progrès réalisés par le Starship V3 qui sera utilisé pour tester le ravitaillement orbital.

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À quoi pourrait ressembler le plan simplifié de SpaceX ?

SpaceX n'a pas donné de détails techniques sur sa nouvelle proposition. Le groupe s'est contenté de mentionner une architecture de mission simplifiée. Cependant, Elon Musk avait peut-être donné un indice dans ses réponses cinglantes à Sean Duffy sur X : " Starship finira par faire toute la mission lunaire. Croyez-moi sur parole. "

Le plan actuel d'Artemis 3 est complexe. Il nécessite un lancement de la fusée SLS de la Nasa avec la capsule Orion, un rendez-vous en orbite lunaire avec le Starship HLS (qui aura été ravitaillé au préalable), un transfert d'équipage, l'alunissage, puis le retour vers Orion.

L'allusion d'Elon Musk pourrait signifier un scénario où Starship gère à la fois le lancement depuis la Terre et l'alunissage, supprimant ainsi la dépendance au SLS et à Orion pour la mission.

N.B. : Source images (illustrations d'artiste) : SpaceX.