Face à la pression militaire croissante de Pékin, le président taïwanais William Lai a annoncé l'accélération du projet de bouclier de défense aérienne T-Dome. Inspiré du Dôme de Fer israélien et du futur Golden Dome américain, ce système multicouche vise à créer un filet de sécurité pour l'île, soutenu par une hausse historique du budget de la défense qui atteindra 5% du PIB d'ici 2030.

L'île autonome de Taïwan vit sous la menace constante de la Chine, qui la considère comme une province renégate et n'exclut pas l'usage de la force pour parvenir à la "réunification".

Les incursions quasi quotidiennes de navires et d'avions de chasse chinois dans sa zone de défense sont devenues la nouvelle norme, tout comme les exercices militaires à grande échelle simulant une invasion.

C'est dans ce climat de plus en plus tendu que le président William Lai a décidé de passer à la vitesse supérieure en matière de défense avec une annonce majeure faite lors de la fête nationale.

Le "T-Dome" : un Dôme de Fer à la taïwanaise ?

L'élément central de cette nouvelle doctrine est la construction accélérée d'un système de défense multicouche baptisé T-Dome. Bien que les détails techniques soient encore gardés secrets, l'inspiration est claire : le Dôme de Fer israélien, qui a prouvé son efficacité redoutable dans l'interception de roquettes à courte portée.

Drone supersonique chinois, une menace pour Taiwan ?

Le projet taïwanais se veut cependant plus ambitieux, visant à intégrer des radars de haute détection et divers systèmes de missiles pour neutraliser des menaces à différentes altitudes, y compris des missiles balistiques.

L'objectif, selon les mots du président, est de "tisser un filet de sécurité" pour protéger la population et les infrastructures critiques, en renforçant la défense aérienne de l'île.

Une stratégie de dissuasion face à l'ogre chinois

Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large visant à "maintenir la paix par la force". Plutôt que de chercher une parité militaire impossible avec l'Armée populaire de libération, Taïwan mise sur la guerre asymétrique.

La menace des porte-drones chinois

Il s'agit de rendre le coût d'une invasion prohibitif pour Pékin en développant des capacités diverses, mobiles, précises et difficiles à neutraliser. Le T-Dome est une pièce maîtresse de ce puzzle, complété par des investissements dans les drones, la cyberguerre et des missiles de production locale.

Dans son discours, William Lai a d'ailleurs de nouveau appelé la Chine à "renoncer à l'usage de la force ou de la coercition" et à agir en "grande puissance responsable" pour préserver le statu quo.

Un budget militaire en forte hausse pour rassurer Washington

Annoncer un tel projet ne suffit pas ; il faut le financer. Et sur ce point, le message de Taipei est sans équivoque. Le budget de la défense, qui s'élève actuellement à environ 2,5% du PIB, dépassera la barre des 3% dès l'année prochaine pour atteindre un objectif ambitieux de 5% d'ici 2030.

Cette hausse spectaculaire est aussi un message envoyé aux États-Unis, principal allié militaire de l'île. L'administration Trump, notamment, a souvent pressé ses partenaires de prendre davantage en charge leur propre sécurité.

En investissant massivement dans son autonomie stratégique, Taïwan montre qu'elle prend ces appels au sérieux. La route ne sera cependant pas simple, car ces augmentations budgétaires devront être validées par un parlement contrôlé par l'opposition, qui a déjà bloqué plusieurs projets de dépenses par le passé.

La mise en œuvre complète du T-Dome prendra plusieurs années, bien au-delà du mandat actuel du président taiwanais. Si son annonce a une portée promotionnelle et diplomatique évidente, elle matérialise la prise de conscience d'une réalité implacable.

Pour Taïwan, l'avenir de sa sécurité se joue aujourd'hui dans un délicat équilibre entre préparation militaire et dialogue diplomatique, en espérant le meilleur tout en se préparant activement au pire.