Le feuilleton de la taxation des multinationales de la tech connaît un nouveau rebondissement. Au cœur des débats sur le budget 2026, les députés français ont jeté un pavé dans la mare en adoptant un amendement qui double la fameuse taxe GAFAM. Une mesure présentée comme un « acte de souveraineté fiscale », mais qui pourrait coûter cher à certaines filières d'exportation françaises en cas de riposte américaine.
Pourquoi cette hausse soudaine de la taxe ?
Porté par le député Renaissance Jean-René Cazeneuve, l'amendement fait passer le taux de la taxe sur les services numériques de 3 % à 6 %. Le but de la manœuvre ? Forcer les mastodontes de la tech à payer un impôt plus juste et proportionnel à leurs bénéfices colossaux générés sur le territoire français, alors que le rendement actuel, estimé à environ 800 millions d'euros pour 2025, est jugé insuffisant au regard de leur activité.
Pour mieux cibler les plus gros acteurs et éviter de pénaliser des entreprises françaises, le texte relève également le seuil de taxation. Seules les entreprises réalisant plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires mondial seront désormais concernées, contre 750 millions auparavant.
Quelles sont les craintes du gouvernement ?
Cette initiative parlementaire est loin de faire l'unanimité au sein de l'exécutif. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a personnellement mis en garde les députés, les conjurant d'être « prudents ». Il a martelé dans l'hémicycle qu'une « taxe disproportionnée » entraînerait inévitablement des « représailles disproportionnées » de la part de Washington.
La crainte d'une nouvelle guerre commerciale est donc plus que jamais palpable. Le souvenir des menaces de Donald Trump en 2019, qui avait évoqué une surtaxation de produits emblématiques comme le vin, le champagne ou le roquefort, reste vif. L'administration américaine considère en effet cette taxe comme une mesure discriminatoire ciblant injustement ses entreprises.
Comment les différents partis politiques réagissent-ils ?
Le vote a cristallisé les profondes divisions de l'Assemblée nationale sur ce sujet brûlant. Si la majorité présidentielle a finalement soutenu un compromis à 6 %, après avoir initialement proposé un taux de 15 % en commission, ce revirement a été vivement critiqué. La gauche a fustigé une « reculade », dénonçant l'impossibilité de « légiférer sous les menaces de Trump » face aux pressions américaines.
À l'inverse, une partie de la droite, par la voix de la députée Valérie Bazin-Malgras, s'est opposée à toute forme d'alourdissement de la taxe. L'objectif étant de « préserver nos filières agricoles, de vins et spiritueux », qui seraient les premières cibles en cas de sanctions commerciales américaines. Le chemin législatif est encore long, mais le message envoyé outre-Atlantique est, lui, déjà très clair.