Donald Trump a évoqué la possibilité de discuter des puces d'IA avancées Blackwell de Nvidia avec Xi Jinping. Cette ouverture pourrait redéfinir les restrictions d'exportation américaines et marquer un tournant stratégique majeur pour Nvidia, actuellement exclu du marché chinois, tout en soulevant des questions de sécurité nationale.
La saga des semi-conducteurs entre Washington et Pékin connaît un nouveau rebondissement. Alors que les contrôles à l'exportation américains ont quasiment banni Nvidia du marché chinois, une porte semble s'entrouvrir.
Le dialogue à venir entre les deux chefs d'État pourrait s'avérer décisif pour l'avenir du géant des puces d'intelligence artificielle mais l'idée d'une relance, associée à de multiples autres projets ambitieux, tend à rapprocher la firme d'une valorisation record de 5000 milliards de dollars.
Un contexte de restrictions drastiques
Pour comprendre l'enjeu, il faut revenir sur le contexte. L'administration américaine a mis en place des mesures sévères pour empêcher la Chine d'accéder aux technologies de pointe, notamment les processeurs graphiques (GPU) les plus avancés de Nvidia, essentiels pour l'entraînement des grands modèles de langage.
Ces restrictions, justifiées par des impératifs de sécurité nationale, visaient à freiner les ambitions militaires et technologiques chinoises.
Pour Nvidia, l'impact a été brutal. L'entreprise, qui réalisait une part significative de son chiffre d'affaires en Chine, a vu sa part de marché s'effondrer, passant de près de 95 % à quasiment zéro.
Malgré des tentatives de contournement avec des puces moins puissantes comme l'accélérateur IA H20, Pékin a finalement fait pression sur ses entreprises pour privilégier des solutions nationales, notamment celles de Huawei.
Blackwell : l'atout maître de Nvidia sur la table des négociations ?
C'est dans ce climat tendu que Donald Trump a qualifié l'architecture Blackwell de "super-duper chip", affirmant que les États-Unis disposaient d'une avance technologique de près d'une décennie.
En suggérant que ces puces pourraient faire partie des pourparlers, il signale une possible inflexion de la stratégie américaine. L'idée serait de potentiellement lâcher du lest sur certains composants technologiques en échange de concessions dans d'autres domaines, comme les terres rares ou les tarifs douaniers.
De son côté, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, se montre optimiste mais prudent. Tout en affirmant sa confiance dans la capacité de Trump à négocier un "excellent accord pour l'Amérique", il a rappelé que son entreprise était pour l'instant "100 % hors de Chine".
Un retour sur ce marché stratégique constituerait un "énorme bonus", indispensable selon lui pour financer la R&D aux États-Unis.
Entre opportunité commerciale et risque stratégique
La question d'une autorisation, même partielle, de l'exportation des puces Blackwell vers la Chine est complexe. Il ne s'agirait probablement pas du modèle le plus puissant, le GB200, mais plutôt d'une version adaptée, comme la solution B30A, qui serait néanmoins basée sur cette nouvelle architecture. Une telle puce permettrait à Nvidia de concurrencer plus efficacement Huawei et de regagner du terrain.
Cependant, plusieurs experts et think tanks américains mettent en garde contre un tel scénario. Permettre à la Chine d'accéder, même à une version dégradée de Blackwell, pourrait considérablement réduire l'avantage américain en matière de puissance de calcul pour l'IA. Cela saperait la stratégie d'embargo technologique mise en place depuis 2022.
La rencontre entre Trump et Xi sera donc scrutée de très près. L'avenir de Nvidia en Chine, et par extension une partie de l'équilibre technologique mondial, pourrait se jouer lors de ces discussions.
La décision finale devra arbitrer entre une opportunité économique colossale pour un champion américain et le maintien d'une avance stratégique jugée vitale par Washington. L'issue reste totalement incertaine.