Une tempête économique parfaite, combinant un marché publicitaire en berne et des dotations publiques réduites, frappe de plein fouet l'audiovisuel français. Cette situation contraint les diffuseurs à opérer des coupes drastiques dans leurs programmations, avec des conséquences directes pour les téléspectateurs, de plus en plus lassés par une offre qu'ils jugent appauvrie. Le modèle historique du petit écran semble arrivé à un point de rupture.

Pourquoi les grilles de programmes semblent-elles si pauvres ?

La crise qui frappe le secteur est particulièrement violente et s'articule autour de deux axes. D'un côté, les chaînes privées comme TF1 et M6 font face à un effondrement de leurs recettes publicitaires, avec des chutes estimées entre 10 % et 15 % depuis l'automne. De l'autre, le service public vit une « double peine » redoutable, confirmant une ambiance morose dans les états-majors.

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En effet, France Télévisions doit non seulement composer avec cette baisse des revenus, mais également absorber une coupe sévère de sa dotation publique. L'effort total avoisine les 150 millions d’euros, forçant le groupe à des arbitrages douloureux. Concrètement, cela se traduit par moins de création originale, une multiplication des rediffusions de jeux comme N'oubliez pas les paroles et même la revente envisagée de droits sportifs pour la Coupe de France ou le Tournoi des 6 Nations.

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Comment les jeunes ont-ils abandonné la télévision ?

Le public, et surtout la jeunesse, a déjà pris ses distances. Une étude du Boston Consulting Group (BCG) révèle une fracture générationnelle béante. La télévision linéaire ne représente plus que 16 % du temps d’écran des 16-27 ans, contre encore 55 % pour les baby-boomers. Pour cette génération, la grille des programmes est un concept obsolète.

Le grand gagnant de cet exode est sans conteste YouTube. La plateforme de Google a remplacé la télé dans les habitudes des jeunes, dépassant même Netflix en popularité. Aujourd'hui, 38 % de la Gen Z y regardent des films ou documentaires directement sur leur téléviseur. Le réflexe n'est plus de « zapper », mais de scroller sur TikTok ou de lancer une application de streaming par défaut, ce qui redéfinit totalement la consommation de contenus.

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Quelle stratégie pour survivre face à YouTube et Netflix ?

Face à cette hémorragie d'audience, la télévision tente de s'adapter en nouant des relations avec les géants du web. Cette stratégie se manifeste par un rapprochement inédit entre les deux mondes, avec l'invitation de célébrités d'internet comme Inoxtag sur TF1 ou Squeezie sur France 2 pour tenter de capter leur jeune public.

Cependant, la bataille reste inégale. Le web n'est plus un parent pauvre, avec des productions YouTube affichant des budgets de 700 000 euros, dignes d'une première partie de soirée. Pour les experts, les chaînes traditionnelles doivent adopter une stratégie offensive : investir massivement dans le numérique, nouer des partenariats stratégiques et capitaliser sur leurs racines locales, leur seul véritable avantage concurrentiel face aux plateformes mondiales.

Source : Le Parisien