Spécialistes des prix cassés et pour des produits principalement expédiés depuis la Chine ou fabriqués en Chine, les plateformes d'e-commerce Temu et Shein (fast fashion) sont assujetties aux obligations générales et strictes du règlement européen sur les services numériques (DSA).

Avec respectivement 75 millions et 108 millions d'utilisateurs actifs par mois dans l'Union européenne, ces deux places de marché figurent sur la liste des très grandes plateformes en ligne pour le DSA en Europe.

La Commission européenne vient d'adresser à Temu et Shein des demandes d'informations en vertu du Digital Services Act. Elles portent notamment sur les mesures prises en matière de notification et d'action pour des produits illicites, les interfaces en ligne, la protection des mineurs, la transparence des systèmes de recommandation, la traçabilité des professionnels.

Des réponses pour le 12 juillet au plus tard

Les deux groupes ont jusqu'à 12 juillet prochain pour fournir leurs réponses. En fonction des réponses obtenues, l'exécutif européen évaluera les prochaines étapes à suivre, ce qui comprend le cas échéant l'ouverture d'une enquête formelle et au final de lourdes sanctions financières pour des infractions au DSA.

Temu et Shein ont assuré qu'ils coopèrent pleinement avec l'Union européenne afin de garantir leur conformité avec la loi sur les services numériques.

Reste que des associations européennes de consommateurs ont déposé une plainte contre Temu, en l'accusant par exemple d'utiliser des interfaces trompeuses - dites dark patterns - pour manipuler les consommateurs et les inciter à dépenser plus sur la plateforme.

e-commerce

L'UFC-Que Choisir sur le pont

" Un mois seulement après le dépôt de notre plainte contre Temu avec nos partenaires du BEUC (ndlr : Bureau européen des unions de consommateurs), la Commission européenne lance une procédure et lui demande de prouver qu'il se conforme au DSA et au respect de la sécurité des consommateurs en ligne ", a réagi l'UFC-Que Choisir.

Dans une récente enquête, l'UFC-Que Choisir a déploré la présence de dark patterns sur toutes les places de marchés en ligne les plus populaires en France, malgré le DSA.

" Les interfaces trompeuses les plus courantes incluent des conceptions visuelles manipulatrices, l'obligation de créer un compte client, des prix barrés trompeurs, des incitations répétitives, ou encore des messages de stock limité (piège de l'urgence) dont la pertinence est totalement invérifiable ", écrit l'association de consommateurs.

dark-patterns-nombre-par-plateforme-ufc-que-choisir Source image : étude de l'UFC-Que Choisir

La palme du nombre de dark patterns revient à Temu, devant Amazon, AliExpress et Veepee. De telles techniques sont néanmoins exploitées à des degrés divers. Pour les sites d'e-commerce chinois, la fréquence et le caractère envahissant sont particulièrement notables.