Prise en étau entre les géants américain et chinois et risquant de se retrouver en retrait, l'Union européenne tente de reprendre la main sur ses ressources stratégiques.

Un projet de centrale d'achat commune se dessine pour sécuriser les matériaux indispensables à l'industrie et éviter les ruptures de stock.

Une centrale d'achat pour couper l'herbe sous le pied des Américains

Le constat est amer pour les dirigeants européens : dans la course mondiale aux ressources, le Vieux Continent a pris un retard considérable.

Stéphane Séjourné, figure clé de la stratégie industrielle de l'UE, pointe du doigt une réalité brutale : les États-Unis rachètent massivement les stocks disponibles, agissant souvent avant même que les Européens ne puissent réagir.

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Pour endiguer cette hémorragie, Bruxelles envisage la création d'un organisme centralisé dédié à l'acquisition et au stockage de ces matériaux précieux. Cette structure aurait pour mission de coordonner les commandes des Vingt-Sept pour peser davantage face aux fournisseurs avec l'objectif de ne plus subir la loi du marché dictée par Washington.

La dépendance asiatique en ligne de mire

La situation est d'autant plus critique que la Chine domine outrageusement le secteur, contrôlant près de 90 % des capacités de raffinage pour certaines terres rares.

Si une trêve commerciale temporaire a permis de suspendre certaines restrictions à l'exportation, l'épée de Damoclès demeure au-dessus de l'industrie européenne. Les entreprises du continent restent extrêmement vulnérables face aux décisions imprévisibles de Pékin, qui peut fermer le robinet à tout moment.

Mine terres rares

Cette précarité impose une diversification urgente des sources pour ne pas paralyser les chaînes de production automobile ou technologique. La constitution de stocks stratégiques devient une assurance-vie indispensable.

Sécuriser les prix pour rassurer les producteurs locaux

Pour inciter l'extraction et la transformation des minéraux directement sur le sol européen, l'idée d'un mécanisme de prix plancher fait son chemin à Bruxelles.

Les industriels hésitent souvent à investir dans des capacités locales, craignant que les acheteurs ne se tournent vers des offres asiatiques artificiellement basses dès que les tensions géopolitiques retombent.

Il s'agit de créer un écosystème économiquement viable et résilient, capable de résister au dumping. Sans cette garantie financière, l'indépendance européenne en matière de matières premières restera un vœu pieux.

Vers une diplomatie des ressources plus offensive

Au-delà du simple stockage, l'UE doit accélérer la signature de partenariats stratégiques avec des pays riches en ressources comme le Brésil ou l'Afrique du Sud.

L'ouverture récente d'une usine d'aimants en Estonie prouve que des alternatives concrètes existent, même si les délais de mise en œuvre technique et administrative restent longs.

La bataille pour l'autonomie stratégique ne fait que commencer et demandera une volonté politique sans faille dans un contexte économique et géopolitique mouvant fait d'alliances et de rapprochements pouvant se retourner du jour au lendemain.