Face au durcissement de Pékin sur les exportations de terres rares, le commissaire européen Stéphane Séjourné a réuni d’urgence les géants industriels du continent.

Ce rapprochement a pour mission d'évaluer les risques de pénurie et accélérer la quête d’une autonomie stratégique devenue vitale pour des secteurs allant de l'automobile à la défense, en passant par l'énergie éolienne.

La tension est montée d’un cran ce lundi 20 octobre. À l’initiative de Stéphane Séjourné, le commissaire européen chargé de la Stratégie Industrielle, une visioconférence de crise a rassemblé une quinzaine de poids lourds de l'industrie européenne.

Mine terres rares

Le sujet au cœur des discussions : les approvisionnements en matières premières critiques, et plus spécifiquement "les terres rares et aimants permanents", suite aux récentes restrictions imposées par la Chine.

Autour de la table virtuelle se trouvaient des acteurs majeurs comme Forvia, Volkswagen et Stellantis pour l'automobile, Vestas et Siemens pour l'éolien, ou encore des spécialistes des semi-conducteurs et de la chimie tels que Bosch et Solvay.

Une onde de choc partie de Pékin

Cette mobilisation fait suite à une annonce de Pékin, le 9 octobre dernier, qui a agi comme un véritable signal d'alarme. La Chine a décidé de renforcer drastiquement les contrôles sur l'exportation non seulement des terres rares, mais aussi des technologies permettant leur exploitation et leur raffinage.

Une manœuvre stratégique, alors que la Chine contrôle déjà près de 90 % du marché mondial du raffinage de ces minéraux indispensables. L’Europe se retrouve ainsi en position de victime collatérale de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Nexperia composants automobiles

Cette crise prend une dimension encore plus concrète avec l'affaire Nexperia. Cette société, détenue par un groupe chinois et fournisseur clé de l'industrie automobile européenne en semi-conducteurs, est passée sous le contrôle des autorités néerlandaises sur pression américaine, faisant craindre à l'ACEA, l'association des constructeurs, des arrêts d'usines imminents, faute d'approvisionnements en composants automobiles.

La course contre la montre pour l'autonomie européenne

Face à l'urgence, Bruxelles cherche à passer à la vitesse supérieure. La réunion de crise visait à "évaluer les effets actuels et futurs des restrictions sur l’industrie". Mais au-delà du diagnostic, des solutions concrètes sont sur la table.

Stéphane Séjourné avait déjà demandé aux entreprises d'évaluer en interne leurs vulnérabilités et d'étudier les pistes d'accélération des initiatives européennes. Des projets déjà labellisés par la Commission, comme le français MagREEsource ou le belge Umicore, spécialisés dans le recyclage et la production d'aimants, étaient d'ailleurs conviés.

L'un des leviers les plus spectaculaires envisagés serait de réduire les délais administratifs pour l'ouverture d'une mine en Europe de dix ans actuellement à seulement deux ans.

Un changement de paradigme pour tenter de sécuriser un approvisionnement local, même si le sous-sol européen reste bien moins riche que celui de la Chine. Les conclusions de cette réunion seront présentées dès mardi au Parlement européen, tandis que Bruxelles travaille en parallèle avec ses partenaires du G7 à une "réponse coordonnée".