Le ciel s'assombrit un peu plus pour Tesla, qui plus est sur son propre terrain, en Californie. Le DMV de Californie vient de déposer une plainte, cherchant ni plus ni moins à interrompre les opérations de vente et de fabrication du constructeur pour au moins un mois.
L'accusation est claire : Tesla aurait induit les consommateurs en erreur sur les véritables capacités d'autonomie de ses systèmes "Autopilot" et "Full Self-Driving" (FSD). Ces technologies, pourtant des arguments de vente massifs pour les voitures électriques de la marque, sont désormais au centre de toutes les attentions.
Le dossier, qui a pris racine en 2022 et a été étoffé en 2023, épingle plusieurs phrases tirées directement du site web de Tesla, jugées trompeuses par les autorités de l'État. Des formules comme "pilote automatique" ou la promesse de pouvoir effectuer des trajets "sans action requise par la personne assise dans le siège du conducteur" sont particulièrement visées. Une rencontre déterminante entre les représentants de Tesla et du DMV est d'ailleurs prévue cette semaine pour tenter de trouver une issue à cette affaire complexe.

Tesla

L'Autopilot et le FSD : un problème de dénomination ?

Le nœud du problème semble résider dans le décalage entre le discours marketing et la réalité perçue par l'utilisateur. Pour le DMV, les appellations "Autopilot" et surtout "Full Self-Driving Capability" (capacité de conduite entièrement autonome) suggèrent des performances qui dépassent largement ce que les systèmes actuels de Tesla peuvent effectivement offrir. Les procureurs californiens ont ainsi mis en lumière des passages publicitaires jugés ambigus, tels que : "Le système est conçu pour pouvoir effectuer des trajets de courte et de longue distance sans que la personne assise dans le siège du conducteur n'ait à intervenir." Ou encore des descriptions où le véhicule est censé "naviguer dans les rues, les intersections complexes et les autoroutes" ou "recherchera automatiquement une place et se garera toute seule".
Pourtant, même Tesla a toujours précisé, y compris dans ses avertissements lors de l'activation, que ses voitures requièrent une supervision active du conducteur. Des experts, à l'image du professeur Scott Moura de l'UC Berkeley, le confirment : la technologie FSD de Tesla correspond à un niveau 2 d'automatisation, bien loin du niveau 5 qui signifie une autonomie totale sans intervention humaine. Pour le DMV, et d'autres voix critiques, cette confusion dans la communication a eu et continue d'avoir des conséquences très tangibles, notamment en termes de sécurité.

Tesla Model Y Juniper habitacle

Quelles conséquences si Tesla perd en Californie ?

Les enjeux sont considérables pour Tesla en Californie. Cet État représente un marché absolument gigantesque pour l'entreprise, avec une clientèle particulièrement friande de véhicules électriques et de technologies de pointe, notamment dans la région de San Francisco. Une suspension de 30 jours, même temporaire, des licences de vente et de fabrication pourrait entraîner un impact financier non négligeable sur les revenus du constructeur.
Mais au-delà des chiffres, c'est l'image et la réputation de la marque qui sont directement menacées. Des activistes, comme Shua Sanchez, pointent du doigt des accidents tragiques, parfois liés à l'Autopilot, dont celui qui a coûté la vie à Walter Huang en 2018. James Sallee, professeur à la Haas School of Business, souligne que Tesla "a toujours repoussé les limites" dans sa manière de promouvoir ses innovations.
L'issue de cette action en justice pourrait non seulement peser sur les ventes à court terme, mais également ouvrir la voie à des réglementations beaucoup plus strictes sur la façon dont les constructeurs automobiles sont autorisés à commercialiser leurs systèmes avancés d'aide à la conduite à l'échelle nationale. C'est un dossier à suivre de très près, car il pourrait bien redessiner les règles du jeu pour l'ensemble du secteur.

Tesla Model Y Juniper final

Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi le DMV de Californie poursuit-il Tesla en justice ?


Le Département des véhicules motorisés de Californie accuse Tesla de publicité mensongère. Selon le DMV, les noms de ses systèmes "Autopilot" et "Full Self-Driving", ainsi que certaines descriptions sur son site, induisent en erreur les consommateurs sur les capacités réelles de conduite autonome de ses véhicules, qui nécessitent toujours une supervision humaine.

Que risque Tesla si le DMV obtient gain de cause ?


Si le DMV gagne son procès, Tesla pourrait voir ses licences de vente et de fabrication suspendues en Californie pour une période d'au moins 30 jours. Cela représenterait un coup dur financier et de réputation pour l'entreprise dans l'un de ses marchés les plus importants.

Est-ce que l'Autopilot de Tesla est considéré comme une conduite entièrement autonome ?


Non. Bien que son nom suggère une autonomie totale, des experts et le DMV californien affirment que le système Autopilot de Tesla, y compris la fonction Full Self-Driving, correspond à un niveau 2 d'automatisation. Cela signifie qu'il s'agit d'une aide à la conduite avancée, mais qui exige toujours une attention constante et une intervention du conducteur.