Carlos Tavares, ex-PDG de Stellantis, lance un avertissement choc : Tesla pourrait disparaître en 10 ans. En cause, la pression écrasante du concurrent chinois BYD, jugé plus efficace, et la dispersion d'Elon Musk vers d'autres projets comme SpaceX ou l'IA.

L'analyse remet en cause la valorisation stratosphérique du constructeur américain et interroge sur sa survie à long terme, alors même que son dirigeant Elon Musk tente de faire passer un plan de rémunération à 1000 milliards de dollars, certes en bifurquant vers les véhicules autonomes / robotaxis et les robots humanoïdes.

Longtemps perçu comme le disrupteur en chef de l'industrie automobile, Tesla fait aujourd'hui face à des vents contraires d'une intensité inédite. La concurrence, autrefois lointaine, frappe désormais à sa porte avec une force redoutable.

C'est dans ce climat tendu qu'une figure majeure du secteur, l'ancien dirigeant de Stellantis, vient de livrer une analyse sans concession sur l'avenir du groupe piloté par Elon Musk.

Une disparition de Tesla envisagée d'ici dix ans ?

Lors d'un entretien accordé au journal Les Échos, il a affirmé sans détour : "Je ne suis pas sûr que Tesla existera encore dans 10 ans". Selon lui, la raison de ce possible effondrement est simple : le constructeur américain, bien qu'innovant, sera "battu par l'efficacité de BYD".

Pour Tavares, le scénario est clair : la pression exercée par le géant chinois pourrait tout simplement pousser Elon Musk à quitter le navire automobile pour se concentrer sur ses autres passions, qu'il s'agisse des robots humanoïdes, de SpaceX ou de l'intelligence artificielle.

BYD, le rival chinois qui change la donne

La principale menace, identifiée sans détour par Tavares, porte un nom : BYD. Le constructeur chinois n'est plus un outsider ; il a même dépassé Tesla en volume de ventes mondiales de véhicules électriques plus tôt cette année.

Cette dynamique est particulièrement visible sur le marché chinois, pourtant le deuxième plus important pour Tesla, où sa part s'est effondrée, passant d'un confortable 16 % en 2020 à environ 5 % aujourd'hui.

L'ascension fulgurante de BYD et d'autres acteurs locaux comme Nio ou XPeng repose sur une stratégie redoutable, combinant des véhicules plus abordables et technologiquement avancés. Elon Musk lui-même avait d'ailleurs reconnu l'an dernier que les constructeurs automobiles chinois étaient "les plus compétitifs au monde".

Une valorisation stratosphérique et un PDG dispersé

Au-delà de la concurrence externe, Carlos Tavares met en lumière ce qu'il perçoit comme deux fragilités internes majeures. La première est la valorisation boursière de Tesla, qu'il qualifie de "stratosphérique" et qui, selon lui, expose l'entreprise à une perte de valeur qui sera "colossale".

La seconde faiblesse réside dans la dispersion d'Elon Musk lui-même, dont l'attention est notoirement partagée entre ses multiples projets. Conscient de ce risque, le conseil d'administration de Tesla tente de retenir son PDG avec un plan de rémunération sans précédent sur dix ans, d'une valeur de 1 000 milliards de dollars, conditionné à l'atteinte d'objectifs de croissance et de capitalisation boursière tout aussi démesurés.

Entre des résultats financiers trimestriels qui, pour l'heure, dépassent les attentes de Wall Street et ces avertissements sur sa survie à long terme, Tesla se trouve à un carrefour critique.

Toute la question est donc de savoir si le géant américain, avec un dirigeant aux multiples casquettes, saura y faire face. Le prochain vote des actionnaires sur le plan de rémunération de Musk en dira long sur la confiance accordée au capitaine pour naviguer dans la tempête qui s'annonce.