Lancé comme un coup de tonnerre en 2023, le Cybertruck devait bouleverser le marché du pickup électrique. Pourtant, Tesla fait aujourd’hui un constat amer : ventes en berne, critiques multiples et échec dans la conquête des marchés hors d’Amérique du Nord.

Il faut dire que le design atypique et les larges dimensions du véhicule n'ont pas facilité son exportation, tandis que le marché US n'a finalement pas cédé si facilement à ses atouts.

Face à cette situation, le constructeur planche sur un concept inédit : fabriquer un véhicule utilitaire électrique plus petit, espérant satisfaire cette fois une clientèle mondiale et urbaine en quête de praticité.

Le revers du Cybertruck : un constat implacable

Initialement, Elon Musk promettait pour le Cybertruck des chiffres de production spectaculaires, visant plus de 250 000 exemplaires par an et jusqu’à doubler ce volume par la suite. Mais, en juillet 2025, Tesla ne vend qu’environ 20 000 unités annuelles, soit un maigre 10% de la capacité prévue. Un revers cinglant.

Les raisons sont nombreuses. Le prix reste élevé et bien au-delà de la promesse initiale d'un pickup électrique à moins de 50 000 dollars. Certes, Tesla tend à commencer la production par les versions les plus onéreuses mais la promesse du tarif alléchant n'est toujours pas là.

Ensuite, le véhicule est lourd et hors gabarits pour d'autres régions du monde, rendant sa commercialisation en Europe et en Asie compliquée, voire impossible en l'état.

Enfin, les premiers mois de commercialisation ont été marqués par des soucis de fiabilité et de finitions qui ont conduit les consommateurs initialement intéressés à s'en détourner.

Alors que le véhicule affichait des centaines de milliers de marque d'intérêt via le système de réservation, la concrétisation en achat ferme reste très compliquée. Au point que l’échec du Cybertruck est désormais un fait établi, y compris pour les dirigeants du constructeur.

Un pickup électrique plus petit pour séduire le monde

Conscient de ce constat, Tesla n’a pas tardé à réagir. Lars Moravy, vice-président ingénierie de Tesla, a confirmé que l’idée d’un « plus petit pickup » fait l’objet de nombreuses discussions en interne et que les designers « travaillent activement à différentes possibilités ». 

« On a toujours parlé de faire un plus petit pickup… On y réfléchit sérieusement dans notre studio de design » annonce-t-il. Cet axe de développement s’inscrit dans la volonté de la marque de répondre aux attentes d’une clientèle urbaine, mais aussi de conquérir des marchés jusqu’ici inaccessibles.

Le constat est sans appel : le marché mondial du pickup attend des véhicules aux dimensions plus restreintes, adaptés à la circulation en ville et respectant les normes locales. Diminuer la taille, la masse et le prix d’un pickup Tesla semble ainsi la suite logique.

Un design inédit ou une version mini du Cybertruck ?

Reste à déterminer si Tesla proposera une simple déclinaison en réduction du Cybertruck ou un modèle à la philosophie totalement renouvelée. Les propos des dirigeants restent flous : le terme « pickup » est préféré à « Cybertruck » dans leurs réponses, laissant planer le doute.

On sait toutefois que le design ultra-anguleux est peu compatible avec les exigences réglementaires européennes, notamment sur la sécurité des piétons. Faudra-t-il arrondir les angles, au risque de se fondre dans la masse ?

Les rumeurs évoquent un véhicule dont la longueur passerait de 5,68 m à environ 5,30 m, une largeur ramenée à moins de 2,10 m et un poids total aux alentours de 2 000 kg (contre plus de 3 000 kg pour la version actuelle). L’apparence pourrait aussi s’éloigner du look « savant fou » pour adopter des lignes plus arrondies, se rapprochant des utilitaires classiques du marché.

C'est encore beaucoup, notamment pour les systèmes de bonus / malus écologique, mais un tel véhicule serait mieux accepté sur les routes hors USA.

Sur le volet technique, une batterie allégée et une gamme simplifiée sont envisagées pour abaisser le prix d’appel, avec un positionnement possible sous les 50 000 $. Tesla semble prêt à faire des compromis sur les équipements intérieurs et les options pour toucher un public plus large.

Des ambitions au-delà du simple pickup : robotaxi, utilitaire…

Ce projet de véhicule s’intègre dans la stratégie plus large de Tesla, qui vise à diversifier sa gamme tout en investissant massivement dans la mobilité autonome.

Lars Moravy insiste : « Nous réfléchissons à des véhicules utilitaires qui serviraient non seulement au transport de personnes mais aussi à celui des marchandises ». Autrement dit : le futur pickup compact pourrait faire office de navette robotaxi ou répondre à la demande croissante de livraison urbaine propre.

Cet objectif s’inscrit parfaitement dans le programme robotaxi de Tesla, déjà amorcé à Austin, au Texas, et qui pourrait se déployer dans de nombreuses métropoles puisqu'il disposerait du hardware nécessaire et de l'accès au service FSD (Full Self Driving) de conduite autonome.

Pour la marque, l’enjeu est donc double : capter une nouvelle clientèle de particuliers et sécuriser la place de Tesla dans le futur des services de mobilité partagée et utilitaire.

Une fenêtre de tir pour Tesla et une stratégie à surveiller

Le retrait progressif du Cybertruck – qui souffre d’un désamour généralisé et d’un positionnement hors marché – ouvre la voie à une nouvelle dynamique. Avec un véhicule compact électrique adapté aux exigences mondiales, Tesla peut espérer rebondir sur un segment porteur tout en réaffirmant sa capacité d’innovation.

Reste à surveiller de près la concrétisation de ces annonces : hormis des discussions avancées au sein du design studio en Californie, aucun feu vert formel n’a encore été donné au projet.

Toutefois, créer une version compacte du Cybertruck serait dans la droite ligne de la stratégie de Tesla. La firme a déjà rétréci ses Model S et X pour en faire les Model 3 et Model Y qui lui ont permis de passer de quelques dizaines de milliers de véhicules électriques vendus par an à plusieurs centaines de milliers. 

Pour Tesla, le nouveau véhicule Cybertruck compact offrirait peut-être aussi de meilleurs débouchés par rapport à un véhicule électrique abordable à 20 000 dollars en ne cédant pas sur la technologie et les équipements embarqués pour en réduire le prix. Mais cela résoudra-t-il la question des volumes face à une concurrence chinoise déterminée ?