Face à un vote crucial des actionnaires, la présidente du conseil d'administration de Tesla, Robyn Denholm, brandit la menace d'un départ d'Elon Musk si son plan de rémunération colossal n'est pas approuvé.

Une manœuvre qui lie l'avenir du PDG à la vision long-terme du constructeur, désormais tourné vers l'intelligence artificielle et la robotique.

L'échéance approche à grands pas pour les investisseurs de Tesla. Le vote concernant le plan de performance du PDG Elon Musk se clôturera le 5 novembre à 23h59, juste avant la réunion annuelle des actionnaires prévue le lendemain.

C'est dans ce contexte tendu que Robyn Denholm, la présidente du conseil d'administration, a adressé une lettre aux investisseurs pour les exhorter à approuver un plan qui fait grincer des dents de nombreux observateurs.

Un plan de performance aux allures de pari fou

Le "2025 CEO Performance Award" est un montage complexe basé sur l'atteinte d'objectifs extraordinairement ambitieux. Pour débloquer les 12 tranches d'actions prévues, Tesla devra non seulement atteindre une capitalisation boursière stratosphérique de 7 500 milliards de dollars, mais aussi déployer 1 million de robotaxis et livrer 1 million de robots humanoïdes Optimus. Une condition s'ajoute : Elon Musk doit rester à son poste pour au moins 7,5 années supplémentaires.

Tesla Bot Optimus

Certaines firmes de conseil, comme Egan-Jones Proxy Services, soutiennent la proposition au nom de l'alignement entre la performance et la paie. L'argument est simple : "Si M. Musk échoue à atteindre les objectifs spécifiés, il ne recevra rien", a déclaré la firme.

En cas de succès, les actionnaires et le PDG en sortiraient tous deux gagnants. En cas de validation, la participation d'Elon Musk pourrait grimper jusqu'à 28,8 % du capital.

Le front du refus : des gardiens de la gouvernance montent au créneau

Cependant, plusieurs groupes influents s'opposent fermement à ce qu'ils considèrent comme un chèque en blanc. Les puissantes agences de conseil en vote, Institutional Shareholder Services (ISS) et Glass Lewis, ont toutes deux recommandé de voter contre le plan.

Elles pointent du doigt une dilution excessive pour les actionnaires existants et un montant jugé "extraordinairement élevé" qui fragilise la gouvernance d'entreprise.

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Au-delà des agences, un collectif de syndicats et d'organisations de surveillance a lancé le site "Take Back Tesla" pour mobiliser l'opposition. Ils critiquent non seulement le montant, mais aussi les prises de position politiques d'Elon Musk et son amplification de théories du complot, qui, selon eux, ont endommagé l'image de la marque.

L'argument de la vision : « plus qu'un simple constructeur automobile »

Face à ces critiques, Robyn Denholm a choisi de hausser le ton. Dans sa lettre, elle accuse les opposants de ne pas comprendre la stratégie non conventionnelle de Tesla.

"Si vous préférez que Tesla se transforme en un simple constructeur automobile embourbé dans les méthodes du passé, alors vous devriez suivre les conseils d'ISS et de Glass Lewis", écrit-elle. Pour le conseil, le risque est clair : "Sans Elon, Tesla pourrait perdre une valeur significative, car notre entreprise pourrait ne plus être évaluée pour ce que nous aspirons à devenir."

Tesla Cybercab robotaxi 03

Le cœur de l'argumentaire repose sur la transition de Tesla vers l'intelligence artificielle et la robotique. Elon Musk lui-même a récemment réaffirmé son malaise à l'idée de bâtir une "armée de robots" sans disposer d'une influence forte sur celle-ci, justifiant ainsi sa demande d'un pouvoir de vote accru.

La conclusion de Denholm est sans appel : ne pas motiver le PDG avec un plan équitable, c'est risquer de perdre "son temps, son talent et sa vision".

Le vote du 5 novembre s'annonce donc comme un véritable référendum sur la place d'Elon Musk au sein de l'empire qu'il a bâti. Les actionnaires devront choisir entre la prudence recommandée par les gardiens de la gouvernance et le pari audacieux, mais risqué, sur un homme jugé indispensable par son propre conseil d'administration.