Lors d'un appel aux actionnaires, Elon Musk a justifié sa demande d'un plan de rémunération de 1 000 milliards de dollars par son besoin de conserver une "forte influence" sur la future "armée de robots" de Tesla.

Cette déclaration, qui s'éloigne des discours habituels sur la sécurité de l'IA, intervient alors que l'entreprise fait face à des résultats financiers contrastés et s'apprête à un vote crucial.

La vision d'Elon Musk pour Tesla dépasse depuis longtemps le cadre initial de l'automobile électrique. Le PDG conçoit son entreprise comme un leader de l'intelligence artificielle et de la robotique, une ambition incarnée par le projet de robot humanoïde Optimus.

C'est dans ce contexte qu'un vote imminent des actionnaires doit statuer sur un plan de rémunération sans précédent, susceptible de lui octroyer près de 1 000 milliards de dollars sur dix ans et de porter sa participation à environ 25 % du capital.

Une justification qui change de ton

Jusqu'à présent, Elon Musk justifiait son désir d'un contrôle renforcé par la nécessité de garantir un développement sécurisé de l'intelligence artificielle. Cependant, lors du dernier appel aux investisseurs, son argumentaire a pris une tournure bien plus directe et militaire. "Ma préoccupation fondamentale [...] est la suivante : si je construis cette énorme armée de robots, puis-je être évincé à un moment donné ?", a-t-il déclaré.

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Ce glissement sémantique, de la "sécurité" à "l'influence" sur une "armée", a immédiatement interpellé les observateurs. La demande vise à s'assurer qu'il ne puisse être écarté par des recommandations de cabinets de conseil comme ISS et Glass Lewis, qu'il a qualifiés de "terroristes d'entreprise" pour leur opposition passée à ses packages de rémunération.

Optimus : entre promesses utopiques et réalités techniques

Le projet Optimus est au cœur de cette stratégie. Musk le présente comme la clé d'un avenir sans pauvreté, où le travail serait optionnel et où chacun aurait accès aux meilleurs soins, imaginant même le robot en "chirurgien incroyable".

Cette vision idyllique contraste fortement avec l'état actuel de la technologie. Des démonstrations passées ont révélé que les robots étaient souvent téléopérés par des humains, et Musk lui-même a reconnu les défis techniques colossaux, notamment la fabrication des mains et des avant-bras.

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Alors que des objectifs de production ambitieux avaient été fixés en interne, ils ont été significativement revus à la baisse. La production à grande échelle, si elle a lieu, n'est désormais plus attendue avant la fin de l'année prochaine au plus tôt, signe que le chemin est encore long avant de voir des robots autonomes peupler les usines ou les foyers.

Un pari sur l'IA dans un contexte financier tendu

Cette focalisation sur la robotique et l'intelligence artificielle intervient alors que le cœur de métier de Tesla, l'automobile, connaît des turbulences. Malgré un trimestre record en termes de livraisons, en partie dû à la fin d'un crédit d'impôt fédéral aux États-Unis, le bénéfice net de l'entreprise a chuté de 37 % sur un an. La direction attribue ce décalage à une augmentation massive des dépenses en R&D et aux "charges de restructuration".

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Pour les investisseurs, le message est clair : l'avenir de la valorisation de Tesla ne repose plus seulement sur les voitures, mais sur la capacité de Musk à concrétiser ses promesses de Robotaxis et de robots humanoïdes. Un pari coûteux qui met l'entreprise sous pression pour ses prochains résultats.

Le vote des actionnaires sera donc bien plus qu'une simple validation d'un plan de rémunération. Il s'agira d'un véritable plébiscite sur la vision à long terme d'Elon Musk et sur la concentration d'un pouvoir considérable entre les mains d'un seul homme pour façonner un futur où les robots pourraient, selon ses propres termes, se compter par milliards. L'issue de ce vote déterminera si les gardiens du capital sont prêts à lui signer ce chèque en blanc pour diriger son armée.