Le constructeur Tesla fait l'objet d'une nouvelle enquête de la part de l'agence fédérale de la sécurité routière américaine (NHTSA) concernant son nouveau mode "Mad Max".

Ce profil, intégré au système Full Self-Driving et permettant une conduite plus agressive, soulève de sérieuses questions de sécurité alors que le constructeur est déjà sous surveillance pour d'autres infractions de son système d'assistance.

Déjà teasé par Elon Musk en 2018, ce mode a été réintroduit lors d'une récente mise à jour logicielle, aux côtés d'une option plus prudente nommée "Sloth" (Paresseux).

Un nom qui en dit long : qu'est-ce que le mode Mad Max ?

Ce profil, dont le nom est une référence directe à la célèbre franchise cinématographique post-apocalyptique, pousse les curseurs de la conduite autonome en mode pressé.

Selon les notes de version et les premiers retours d'utilisateurs, le système est censé autoriser des dépassements plus rapides, des changements de voie fréquents et laisser des distances de sécurité plus courtes, dépassant même le profil "Hurry" déjà existant.

Plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux ont rapidement documenté des comportements jugés dangereux. On y voit des véhicules Tesla en mode "Mad Max" ignorer des panneaux stop ou commettre d'importants excès de vitesse, un propriétaire ayant même filmé sa voiture atteignant 79 miles par heure (environ 127 km/h) dans une zone limitée à 50 mph. Ces démonstrations concrètes ont inévitablement alerté les régulateurs.

Une surveillance réglementaire qui s'intensifie

Cette nouvelle enquête ne sort pas de nulle part. La NHTSA a déjà plusieurs dossiers ouverts concernant les technologies d'assistance de Tesla. L'agence fédérale enquête sur des dizaines d'incidents, incluant 58 accidents, où des véhicules utilisant le FSD ou l'Autopilot auraient grillé des feux rouges, franchi des stops ou même dérivé dans des voies à contresens.

Face à cette nouvelle polémique, la NHTSA a rappelé un principe juridique fondamental : "L'humain derrière le volant est pleinement responsable de la conduite du véhicule et du respect de toutes les lois sur la sécurité routière". Une déclaration qui souligne la tension permanente entre les capacités affichées par le système et les obligations légales du conducteur.

Entre innovation et imprudence : la philosophie de Tesla en question

Le déploiement de ce mode "Mad Max" intervient dans un contexte judiciaire délicat pour l'entreprise, qui a récemment perdu un procès en responsabilité civile s'élevant à plusieurs centaines de millions de dollars suite à un accident mortel impliquant son système Autopilot.

Pour les critiques, comme l'avocat en charge de ce dossier, Tesla "programme délibérément des voitures pour dépasser les limitations de vitesse et conduire de manière agressive", faisant passer "l'esthétique et les ventes avant la sécurité".

Les critiques, notamment des avocats et des associations de sécurité routière, pointent du doigt une stratégie qui brouille volontairement la frontière entre une simple assistance à la conduite (ADAS) et une autonomie complète, un flou que le marketing de Tesla entretient savamment.

Cette approche, souvent qualifiée de "ship now, explain later" (livrer maintenant, expliquer plus tard), se heurte une fois de plus à la réalité réglementaire. Reste à savoir si cette nouvelle pression forcera enfin Tesla à lâcher du lest ou si le constructeur persistera dans sa voie audacieuse.