L'affaire des poignées de porte affleurantes de Tesla vient de franchir un nouveau cap. Les régulateurs fédéraux américains de la sécurité automobile ont ordonné au constructeur de fournir une série de documents et de données techniques dans le cadre d'une enquête d'envergure.

En cas de non-coopération, l'entreprise d'Elon Musk s'expose à des amendes journalières pouvant atteindre près de 140 millions de dollars au total.

L'enquête fédérale prend une nouvelle dimension

La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) a intensifié son investigation après avoir reçu une vague de nouvelles plaintes. Des propriétaires de Tesla Model Y et Model 3 rapportent s'être retrouvés dans l'incapacité d'ouvrir leurs portes, souvent à cause d'une simple défaillance de la batterie 12V.

Plusieurs incidents impliquent des enfants restés piégés à l'intérieur de véhicules, nécessitant l'intervention des secours ou de briser une vitre pour les libérer.

L'agence gouvernementale exige désormais de Tesla tous les dossiers relatifs aux Model Y de 2021, mais a également étendu sa demande aux Model 3 et Y produits entre 2017 et 2022.

L'enquête porte sur tous les systèmes liés à l'ouverture des portes, incluant les poignées, les verrous, les batteries et les logiciels. Cette démarche met en lumière les préoccupations croissantes concernant la sécurité des véhicules dont les fonctions de base dépendent entièrement de l'électronique.

Quand le design se heurte au drame humain

En parallèle de l'enquête réglementaire, une nouvelle poursuite judiciaire jette une lumière crue sur les conséquences potentiellement fatales de cette conception. La plainte a été déposée par les familles de victimes d'un accident survenu en 2024 dans le Wisconsin, où cinq personnes ont péri dans l'incendie de leur Model S après une sortie de route.

Selon les plaignants, la perte de puissance du véhicule suite au choc a rendu les poignées de porte inopérantes, piégeant les occupants à l'intérieur.

Le procès allègue une négligence de la part de Tesla, soulignant que les mécanismes de secours manuels étaient soit absents à l'arrière sur ce modèle de 2016, soit si bien cachés sous des tapis qu'ils étaient inutilisables en situation d'urgence.

Des témoignages poignants, issus d'un appel au 911, rapportent avoir entendu des cris pendant plusieurs minutes après l'impact, suggérant que les passagers étaient conscients mais incapables de s'extraire de l'habitacle en feu.

Un problème de conception qui fait tache d'huile ?

Face à la pression, Tesla semble reconnaître implicitement le problème. Franz Von Holzhausen, le chef du design de la marque, a admis que l'entreprise travaillait à intégrer plus simplement les commandes d'ouverture mécanique et électronique.

Cette affaire dépasse désormais le seul cas de Tesla et interroge une tendance de l'industrie automobile. Des concurrents comme Rivian reconsidèrent leurs propres designs de poignées affleurantes, tandis que Volkswagen a clairement affirmé ne pas vouloir suivre cette voie.

La critique est aussi internationale. La Chine envisage d'adopter de nouvelles normes de sécurité qui imposeraient des mécanismes d'ouverture d'urgence plus clairs et accessibles.

Cette convergence des critiques réglementaires, judiciaires et industrielles met en évidence les risques associés à une conception où l'esthétique prime parfois sur la fonctionnalité la plus essentielle en cas d'urgence. Tesla a jusqu'au 10 décembre pour soumettre les documents demandés par la NHTSA, une échéance qui sera scrutée de très près.