Depuis plusieurs mois, le constructeur Tesla connaît un recul marqué de sa présence sur les marchés clés de la mobilité électrique. En Europe comme aux États-Unis, la célèbre marque d’Elon Musk perd du terrain, provoquant un retournement inédit après des années de quasi-domination.

Ce phénomène soulève des questions majeures sur la capacité de Tesla à maintenir son rang face à une concurrence toujours plus agressive et diversifiée et à pouvoir étendre sa stratégie à d'autres secteurs.

La baisse continue de Tesla en Europe

En Europe, la situation est particulièrement préoccupante pour Tesla. Selon les données de l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA), la part de Tesla est tombée à 2,8% en juin 2025, contre 3,4% un an plus tôt.

Cela représente une chute des ventes de 23% sur un an, avec seulement 34 781 voitures écoulées sur la région. Cette décroissance s’inscrit dans une tendance qui dure depuis au moins six mois, malgré la mise à jour du modèle phare, la Model Y.

Plusieurs facteurs expliquent cette érosion. D’abord, Tesla fait face à une compétition renforcée, notamment venue de marques chinoises comme BYD ou européennes telles que Volkswagen.

Ensuite, les controverses autour de son PDG Elon Musk, des incitations financières amoindries ainsi que des défis réglementaires sur certains marchés freinent l’enthousiasme des acheteurs. Même dans des pays où les ventes progressent, comme le Royaume-Uni, la hausse reste bien inférieure à celle du secteur électrique global.

La pression grandissante sur le marché américain

Aux États-Unis, la chute est tout aussi préoccupante. Pour la première fois depuis 2017, Tesla a vu sa part de marché tomber sous la barre des 40% en août 2025, atteignant seulement 38% du marché des véhicules électriques. Cette perte est d’autant plus significative que Tesla dominait autrefois plus de 80% du secteur, selon les données de Cox Automotives rapportées par Reuters.

Les raisons sont multiples : l’absence de nouveaux modèles majeurs depuis le Cybertruck en 2023, un renouvellement du Model Y jugé insuffisant, et surtout une explosion des offres concurrentes.

Hyundai, Kia, Toyota ou encore Honda ont multiplié les incitations financières et élargi leurs gammes, avec des croissances de ventes impressionnantes allant jusqu’à +120% sur certains modèles. La fin imminente des crédits d’impôt fédéraux américains ajoute une dose d’incertitude et pourrait aiguiser encore plus la compétitivité.

Une offre Tesla moins compétitive face à la diversité des alternatives

Le marché de l’électrique ne cesse de se diversifier et Tesla ne fait plus figure d’unique référence. Les alternatives se multiplient avec des constructeurs ambitieux qui rivalisent désormais en termes d’autonomie, de prix, et de design. Des modèles comme la BMW iX, le Volkswagen ID.7, la Hyundai Ioniq 6, ou le BYD Seal séduisent de plus en plus d’acheteurs, proposant des options souvent plus abordables ou adaptées aux besoins locaux.

Cette transformation du paysage EV offre plus de choix aux consommateurs et limite la suprématie de Tesla sur le segment premium. De plus, la focalisation de Tesla vers des projets ambitieux, comme les robotaxis ou les robots humanoïdes, relègue au second plan le renouvellement de ses véhicules principaux, un pari risqué face à l’appétit grandissant de ses concurrents.

Quel avenir pour Tesla face à cette érosion ?

La perte de parts de marché soulève des interrogations sur la stratégie à venir de Tesla. Sa valorisation boursière, encore astronomique, repose beaucoup sur ses projets technologiques futuristes plutôt que sur des ventes immédiates. Les analystes soulignent que sans un lancement rapide de nouveaux modèles attractifs, Tesla pourrait poursuivre sa décroissance.

Pour rebondir, l’entreprise devra concilier innovation technique et adaptation aux attentes concrètes des consommateurs, tout en regagnant leur confiance. Par ailleurs, la fin des aides gouvernementales américaines pourrait redistribuer les cartes, profitant aux marques capables de proposer de meilleurs rapports qualité-prix. L’enjeu sera donc aussi financier et marketing, dans un marché où la concurrence ne cesse de se durcir.