Le projet Artemis prend un tournant européen inédit. Le 25 juillet 2025, Thales Alenia Space et l’Agence spatiale italienne (ASI) ont évoqué la collaboration de la décennie : concevoir et bâtir le premier module d’habitat lunaire dédié à la présence humaine, dénommé MPH (Multi-Purpose Habitation module), pour la NASA.
Ce partenariat incarne la volonté de donner à l’Europe une place de choix dans la conquête spatiale et promet de marquer l’histoire avec un lancement planifié depuis le Kennedy Space Center (Floride) en 2033.
Thales Alenia Space : chef d’orchestre d’un projet spatial ambitieux
Derrière cette avancée se cache Thales Alenia Space, entité franco-italienne réunissant Thales (67%) et Leonardo (33%), déjà à l'origine du module HALO devant accueillir les astronautes dans la stration Lunar Gateway en orbite cislunaire, sorte de sas entre la Terre et la Lune pour les futurs explorateurs.
Désormais, l’entreprise se voit confier la responsabilité de superviser la création du tout premier habitat lunaire de l’ère Artemis. Grâce à la signature d’un contrat stratégique avec l’ASI, Thales Alenia Space prend la main sur la conception préliminaire et la fabrication d’un module pressurisé, flexible, conçu pour mêler sécurité et confort à long terme. « Le MPH marque un pas décisif pour la présence humaine durable sur la Lune », souligne l’ASI.
Habitat lunaire MPH : des fonctionnalités taillées pour durer
Le module MPH sera opérationnel au moins 10 ans. Sa mission ? Héberger des équipages lors de missions de recherche, servir de base logistique et scientifique, et renforcer la coopération entre modules internationaux.
Conçu pour s’intégrer aux infrastructures Artemis, ce logement pressurisé s’adresse aux défis lunaires majeurs puisqu'il devra assurer le bien-être et la sécurité des astronautes sur la Lune et pourra se déplacer à la surface selon les besoins des missions scientifiques puisqu'il sera doté de roues.
L’enjeu technologique se situe au carrefour entre résistance aux radiations, gestion autonome de l’énergie et interaction avec les systèmes américains, européens et privés.
Une intégration au cœur des ambitions Artemis
Penser un habitat lunaire ne signifie pas uniquement installer une « maison » sur la Lune. Le MPH s’intègre dans une vision large d’exploration spatiale, avec pour mission de soutenir aussi bien des expériences scientifiques automatisées que des séjours humains prolongés.
Le module agira comme un pivot pour l’ensemble des missions Artemis, cette stratégie menée par la NASA pour établir une infrastructure pérenne sur le sol sélène. L’avenir de l’exploration humaine, vers la Lune mais aussi Mars, repose sur la réussite de ces habitats de nouvelle génération.
« Nous voulons doter nos équipages d’un environnement sûr et polyvalent pour toutes les phases de l’exploration lunaire » rappellent les coordonnateurs du projet chez Thales Alenia Space.
Défis d’ingénierie et innovations européennes
Réaliser un habitat lunaire pressurisé et mobile impose de repousser les limites. Les équipes italo-françaises sont déjà mobilisées sur la gestion thermique, la cybersécurité des systèmes vitaux, ainsi que la logistique robotisée pour soutenir la vie et la recherche.
Thales déjà l'origine du module HALO du Lunar Gateway
La fabrication de MPH ajoute de nouveaux jalons à l’expertise européenne déjà éprouvée sur la Lunar Gateway, avec le développement précédemment de modules pour l’ESA et des collaborations avec les grands acteurs du secteur. L’Europe s’affirme ainsi par la maîtrise d’environnements extrêmes et le déploiement d’architectures spatiales complexes.
La construction du MPH par Thales Alenia Space, prévue pour aboutir au lancement en 2033, consacre une nouvelle ère de coopération entre l’Europe et les États-Unis, malgré les tensions et les sévères coupes budgétaires de la NASA réclamées par l'administration Trump.