Toyota annonce un bond en avant sur les batteries solides (SSB), visant une commercialisation vers 2027-2028 avec une durée de vie qui pourrait couvrir tout le cycle du véhicule, levant l'une des craintes qui font hésiter les acheteurs.

Le marché du véhicule électrique (VE) bute depuis des années sur les mêmes obstacles : l'autonomie, le temps de charge et le vieillissement des batteries lithium-ion actuelles. Si la plupart des constructeurs offrent des garanties de 8 ans, l'idée de remplacer un pack batterie reste un frein financier et écologique majeur pour beaucoup.

Toyota Hybride

Dans ce contexte, Toyota, longtemps critiqué pour son approche conservatrice et sa focalisation sur l'hybride, semble avoir joué la montre à bon escient. Le géant japonais travaillait en coulisse sur ce que beaucoup considèrent comme le "Saint Graal" : les batteries à électrolyte solide (SSB).

Une longévité qui change la donne

Les annonces faites récemment, notamment lors du Japan Mobility Show, ont de quoi surprendre. Keiji Kaita, président du centre de développement de Toyota dédié à la neutralité carbone, a été clair. L'objectif n'est pas seulement d'améliorer l'autonomie, promise à plus de 1000 km. Le véritable atout est la durabilité.

Toyota batterie solide principe

Et avec ses futures batteries solides, Toyota vise une rétention de capacité de 90% après 40 ans d'utilisation, de quoi couvrir largement toute la durée de vie des véhicules.

Pour mettre cela en perspective, les batteries lithium-ion actuelles ciblent généralement 90% de capacité après 10 ans. Cette durabilité extrême signifie qu'une seule batterie SSB pourrait servir à "deux ou trois" véhicules successifs, ou tout simplement survivre au châssis qui l'abrite. C'est un changement de perspective complet pour la valeur résiduelle et l'impact environnemental.

Le défi du coût et de l'industrialisation

Si la technologie SSB promet d'être plus sûre (moins de risques d'incendie grâce à l'électrolyte solide), plus légère et plus dense en énergie, elle se heurte à un mur : le coût de production. Kaita l'admet volontiers : au lancement, ces batteries seront "beaucoup plus chères".

Toyota mise cependant sur le fait que la longévité compensera ce surcoût initial. Pour sécuriser la montée en puissance, le constructeur a noué des alliances stratégiques.

Un partenariat clé a été signé avec Sumitomo Metal Mining pour la production de matériaux de cathode, et un autre avec Idemitsu Kosan pour le sulfure de lithium, un composant essentiel de l'électrolyte solide.

Un déploiement ciblé avant la masse

L'échéance de 2027-2028 reste ambitieuse. Les défis de l'industrialisation des SSB sont complexes. Toyota ne cache pas que les premiers véhicules équipés seront probablement des modèles haut de gamme, potentiellement chez Lexus, sa marque premium, afin d'absorber le coût initial de la technologie.

Ce n'est qu'après avoir essuyé les plâtres sur le segment premium que ces batteries pourraient arriver sur des modèles de grande diffusion, comme la prochaine génération de Corolla. Si Toyota tient ses promesses, le constructeur, hier vu comme un retardataire de l'électrique, pourrait bien revenir aux avant-postes.