L'acquisition record de Warner Bros. par Netflix, un accord à 72 milliards de dollars, se heurte à un obstacle de taille : le président américain Donald Trump qui ne le voit pas forcément d'un très bon oeil.

Annonçant son implication personnelle dans la validation du projet, il soulève des inquiétudes majeures sur la concentration du marché du streaming, plaçant le géant de la VOD et l'avenir d'Hollywood dans une position délicate.

Vendredi dernier, l'industrie du divertissement a été secouée par l'annonce d'un accord colossal : Netflix s'apprête à acquérir les studios de cinéma et de télévision de Warner Bros. Discovery pour la somme de 72 milliards de dollars.

Cette opération historique placerait sous la bannière du pionnier du streaming des franchises emblématiques comme Harry Potter, Batman ou encore Game of Thrones, et consoliderait sa position de leader incontesté. Mais ce qui semblait être une simple validation réglementaire vient de prendre une tournure inattendue.

Un pouvoir de marché qui pose question

S'exprimant dimanche lors d'un événement au John F. Kennedy Center, le président a clairement exprimé ses réserves. « Cela pourrait être un problème », a-t-il affirmé, pointant du doigt la part de marché déjà conséquente de Netflix qui « augmenterait beaucoup » avec cette acquisition.

Il a insisté sur le fait qu'il serait « impliqué dans cette décision », une déclaration qui déplace le débat des commissions techniques vers le Bureau Ovale.

Cette intervention présidentielle est jugée « sans précédent » par des experts comme William Kovacic, ancien président de la Federal Trade Commission (FTC).

Selon lui, les négociations ne seront plus une simple analyse technique, mais passeront directement par la Maison-Blanche, introduisant un niveau de contrôle politique jamais vu dans ce type de dossier.

Le géant du streaming, après avoir battu des concurrents comme Paramount Skydance, devra donc naviguer dans des eaux bien plus troubles que prévu.

Entre pressions syndicales et jeux d'influence

La position de Donald Trump n'est pas le seul obstacle sur la route de Netflix. Les syndicats, notamment la Writers Guild of America, ont rapidement appelé à bloquer la fusion.

Ils craignent que cette concentration n'entraîne des suppressions d'emplois, une pression à la baisse sur les salaires et une réduction de la diversité des contenus proposés aux spectateurs.

Dans ce jeu d'influence, les relations personnelles semblent également peser dans la balance. Le président a loué le co-PDG de Netflix, Ted Sarandos, qu'il a récemment reçu, le qualifiant de « personne formidable » ayant accompli « l'un des plus grands exploits de l'histoire du cinéma ».

Pourtant, des rumeurs suggéraient une préférence de Trump pour l'offre concurrente de Paramount Skydance, soutenue par son allié milliardaire Larry Ellison, dont le fils dirige l'entreprise.

Quel avenir pour le paysage audiovisuel ?

Le rachat, s'il est approuvé, ne devrait pas être finalisé avant le second semestre 2026, après la scission prévue des chaînes câblées de Warner Bros. Discovery comme CNN ou TNT.

Netflix, de son côté, pourrait argumenter que la mesure de sa part de marché est faussée si l'on n'inclut pas des plateformes comme YouTube, qui capte une part d'audience considérable et n'est pas toujours prise en compte dans les calculs.

L'issue de ce dossier reste donc particulièrement incertaine. L'implication présidentielle a complètement rebattu les cartes et introduit une dose d'imprévisibilité qui inquiète les marchés.