À l’heure où la supériorité aérienne se joue sur l’innovation, Lockheed Martin apporte sa pierre à l'édifice avec le Vectis, son nouveau drone de combat furtif issu des laboratoires de Skunk Works.

Dévoilé en septembre 2025 à la veille d’un grand salon de la défense, ce robot de guerre autonome promet de transformer les règles d'engagement grâce à une alliance inédite de technologies avancées et de modularité.

À travers ce programme, la course mondiale aux drones prend un nouveau tournant : l’heure du “loyal wingman”, c'est à dire le coéquipier robotisé des chasseurs, a sonné.

Une conception furtive et adaptable : aux frontières de l’innovation

Le Vectis est le fruit de l’Agile Drone Framework, une philosophie centrée sur l’ouverture et la modularité. Son allure, tout en discrétion, se distingue par une forme sans queue, inspirée de l’aile lambda et dotée d’entrées d’air supérieures.

Son fuselage met l’accent sur la réduction de la signature radar et infrarouge, intégrant des antennes conformes et des capteurs cachés, reflet d’une exigence accrue en matière de furtivité.

Vectis appartient à la classe des drones de grande taille (Group 5), plus petit qu’un F-16 mais plus massif qu’un drone-missile classique. Conçu pour une grande flexibilité opérationnelle, il vise à s’adapter facilement aux exigences américaines ou d’alliés internationaux, grâce à son architecture ouverte facilitant l’intégration de nouveaux systèmes.

Vectis : Force autonome et “loyal wingman” des avions de chasse

Conçu pour agir en solo ou aux côtés de chasseurs F-35 ou F-22, le Vectis s’impose comme un coéquipier robotisé capable d’étendre la portée et la puissance des forces aériennes.

Grâce à son agilité logicielle et son autonomie avancée, il se distingue dans plusieurs domaines :

  • Surveillance et collecte d’intelligence (ISR)
  • Guerre électronique et brouillage de systèmes adverses
  • Combat air-air et air-sol, avec lancement de missiles depuis des baies internes
  • Défense et attaque de positions stratégiques

OJ Sanchez, directeur de Skunk Works, résume l’ambition : « Nous ne créons pas simplement une nouvelle plateforme – nous instaurons un nouveau paradigme pour la puissance aérienne, basée sur un cadre de drone agile hautement performant, personnalisable et abordable. »

Des capacités taillées pour les théâtres d’opération mondiaux

Le rayon d’action du Vectis englobe l’Indo-Pacifique, l’Europe, le Moyen-Orient. Son endurance et sa capacité à voler à haute altitude ciblent les stratégies contemporaines, où la répartition et la mobilité deviennent vitales.

Le drone est conçu pour décoller et atterrir sur des pistes classiques, mais son architecture promet une adaptation future à des environnements austères. Ce choix répond à la vision américaine du déploiement dispersé : multiplier les points d’ancrage pour complexifier la tâche des adversaires. La fiabilité et la durabilité sont au cœur du projet, offrant la possibilité d’utiliser Vectis quotidiennement à l’entraînement comme en opération réelle.

Innovation logicielle, IA et collaboration internationale : vers un modèle universel ?

Skunk Works mise sur la flexibilité logicielle et l’interopérabilité, via un système compatible avec les référentiels US et alliés. Vectis pourra être piloté depuis des cockpits de F-35/F-22 avec des interfaces tactiles ou depuis des centres de contrôle distants, voire par la marine ou l’armée de terre grâce aux partenariats en cours.

La vision de Lockheed Martin : ouvrir Vectis à différents pays, en adaptant le drone et ses modules à chaque contexte. Cette stratégie positionne le constructeur dans la course mondiale, où la Chine, la Russie, la France et l’Inde investissent massivement dans leurs propres drones furtifs.

Basculement du paradigme : de l’actif jetable à la force réutilisable

Vectis marque un changement fondamental : on ne voit plus les drones comme de simples outils jetables, mais comme des coéquipiers réutilisables, durables, et au potentiel évolutif, mais aussi sacrifiables si besoin, à un coût bien moindre qu'un avion de combat.

L’avenir du combat aérien, selon Lockheed Martin, reposera sur la synergie homme-machine, avec des robots agiles, capables de collaborer, d’apprendre et de s’adapter en temps réel.

La conception numérique et la fabrication avancée promettent des coûts contenus, avec une cible à 20 millions de dollars par unité. Les missions attribuées au drone, de surveillance, ciblage, guerre électronique ou frappe, s’appuieront sur des charges utiles interchangeables et des capteurs de nouvelle génération.

Avec la montée de la concurrence internationale, l’enjeu autour de Vectis est clair : imposer le modèle du drone furtif et autonome comme standard de demain. La modularité, la connectivité et la capacité à travailler en équipe dessinent les contours d’une nouvelle ère, où la supériorité ne dépend plus seulement du métal, mais surtout de la donnée et de l’intelligence logicielle.