Le gouvernement a dévoilé ses projets pour répondre à l'urgence climatique et préparer la fin de la dépendance aux énergies fossiles. Alors que les échéances européennes en la matière se rapprochent, comme la neutralité carbone d'ici 2050 ou un marché de véhicules neufs purement électriques dès 2035, il se retrouve obligé de devoir annoncer des objectifs très ambitieux après des années d'action molle et il faut bien donner des signes de bonne volonté.

Ainsi l'annonce pour cette nouvelle édition de la Stratégie nationale bas-carbone (ou SNBC) de vouloir réduire de 50% les émissions brutes de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Cela va supposer de plus que doubler les efforts annuels déjà réalisés jusqu'à présent sur les cinq années jusqu'à 2030 pour y parvenir avec des moyens financiers contraints par les restrictions budgétaires et des conséquences climatiques déjà présentes impactant par exemple l'effet des puits de carbone sur lesquels on misait pour absorber le CO2 atmosphérique mais dont il faut revoir les capacités à la baisse.

Un objectif musclé pour les ventes de véhicules électriques en 2030

Sur le marché des véhicules électriques, on essaie également de faire bonne figure par rapport aux enjeux en affirmant vouloir que les ventes de véhicules neufs soient composées à 66% de véhicules purement électriques en 2030.

voiture recharge electrique

Le marché français est à moins de 20% de ventes électriques à fin 2024 et les aides financières à l'achat, encore indispensables sans quoi le segment s'effondrerait aussitôt, vont être réduites l'an prochain puisque les caisses de l'Etat sont à sec et qu'il faut faire des économies (abandon de la prime à la conversion, réduction des aides à l'achat, leasing social resserré...).

Le secteur automobile en est à chercher à esquiver les amendes salées qui l'attendent pour les émissions de gaz polluants de ses véhicules thermique faute de pouvoir les compenser par des ventes suffisantes de véhicules électriques, tandis qu'ailleurs en Europe des usines ferment faute de demande.

Un contexte compliqué

Dans ces conditions, comment faire en sorte que les ventes de véhicules neufs soient composées aux deux tiers de véhicules électriques en 2030 ? Cela passera-t-il par les véhicules électriques chinois meilleur marché et en détruisant le gros de l'industrie automobile européenne ? Par des mesures d'accompagnement pour lesquelles il n'y a plus d'argent à allouer ? Par une conviction renforcée des consommateurs alors que le doute est de mise sur le prix, l'autonomie et les infrastructures de charge ? Par une législation imposant le choix de l'électrique ?

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Une voie de dopage de la part de l'électrique pourrait passer par son renforcement dans les flottes d'entreprise. Si les chiffres pourront être gonflés par ce moyen, dans quelle mesure cela permettra-t-il d'atteindre l'objectif fixé ?

En parallèle, d'autres mesures qui permettraient de réduire la pollution des transports sur les petits trajets du quotidien, comme l'incitation au covoiturage ou le plan vélo, semblent être perdus de vue.

Un autre objectif ambitieux fixé par le gouvernement est que les véhicules électriques représentent 15% du parc roulant d'ici 2030...contre 2,2% en 2024. L'art de la politique est certes de fixer des caps mais il faudra plus que de bonnes intentions pour changer la donne en si peu de temps. Et le risque est celui d'une démobilisation face à des ambitions de toute façon irréalisables.