Ah, le vélo à assistance électrique... C'est tellement pratique, tellement dans l'air du temps ! Mais voilà, derrière certains prix étonnamment bas se cacheraient des pratiques pas très catholiques. Les autorités européennes, notamment l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) et le Parquet européen (EPPO), ont mis leur nez dans une affaire de grande envergure. Le topo ? Des petits malins importeraient des vélos électriques de Chine en kit, histoire de ne pas payer les taxes anti-dumping et autres joyeusetés douanières. Une astuce qui pourrait coûter des centaines de millions d'euros à l'Union européenne et, avouons-le, fausser un peu le jeu de la concurrence.
Le coup du vélo "façon puzzle" pour gruger l'Europe
Alors que l'USC indiquait dans son observatoire du Cycle 2025 que le vélo électrique chinois ne représentait que 9% des importations en France en 2024, soit à peine 136 200 vélos (moins de 7% du marché total), il convient désormais de redéfinir à quoi correspond véritablement le terme de "vélo chinois", puisque pour éviter de payer des taxes parfois trop salées, certains importateurs ont trouvé une parade...
Le Bureau du Procureur Général Européen a ainsi révélé une vaste enquête ciblant un importateur portugais à la combine bien rodée. Ce dernier faisait venir (depuis 2020) les vélos en morceaux – le cadre d'un côté, les roues de l'autre, la batterie encore ailleurs – comme s'il s'agissait de simples pièces détachées, le tout depuis la Chine. Une fois arrivés en Europe, hop, on assemble tout ça discrètement dans des entrepôts, et le tour est joué ! En déclarant des pièces, on paye beaucoup moins de taxes. Malin, non ? Sauf que c'est complètement illégal et que ça met à mal les fabricants européens qui, eux, respectent les règles. Pas très fair-play tout ça.
L'Europe ne se laisse pas faire : enquêtes et descentes de police
Forcément, à force de voir des vélos chinois inonder le marché à des prix imbattables (puisqu’exempts des taxes pourtant imposées à l'import), l'Europe a commencé à se poser des questions. Et quand on parle de montants qui pourraient atteindre 2,26 millions d'euros de taxes non perçues, ça commence à faire beaucoup. Du coup, l'OLAF et le Parquet européen ont décidé de passer à l'action. Des perquisitions ont été menées dans plusieurs pays de l'Union, y compris chez nous en France, mais également au Portugal, en Allemagne, Belgique et Pays-Bas. On parle de 16 perquisitions pour l'instant, chez des importateurs et des assembleurs soupçonnés d'être dans le coup. L'idée, c'est de démanteler ces réseaux, de récupérer l'argent dû et de montrer que tricher avec les règles du jeu, ça ne passe pas.
La combine était très organisée et l'implication des revendeurs était profonde : ce sont ces derniers qui commandaient directement les vélos en Chine via un arrangement. Le fabricant envoyait alors les pièces détachées à l'importateur portugais qui se chargeait de les réassembler sur place avant de les renvoyer vers les revendeurs... Ce dernier servait d"intermédiaire permettant de transformer des vélos chinois en vélos assemblés en Europe pour éviter les taxes.
Et nous, consommateurs, dans tout ça ?
Alors, qu'est-ce que ça change pour le commun des mortels qui veut juste un vélo électrique sans se ruiner ? Difficile à dire pour l'instant. Si cette fraude est vraiment d'ampleur, on pourrait voir les prix de certains modèles d'entrée de gamme remonter un peu. Ça pourrait aussi nous rendre plus attentifs à l'origine de ce qu'on achète. Pour les fabricants européens, c'est plutôt une bonne nouvelle : la concurrence sera peut-être un peu moins déloyale. Une chose est sûre, cette affaire risque de faire du bruit dans le petit monde de la mobilité électrique.