Pris dans le piège de la dette de SFR, le groupe Altice a négocié pour en réduire sensiblement la valeur, quitte à perdre au passage un peu de son contrôle au profit des créanciers.

Patrick Drahi, dirigeant d'Altice, s'est démené ces derniers mois pour trouver un accord, alternant propositions et coups de pression. Maintenant que la dette est ramenée à un peu de 15 milliards d'euros (au lieu de 24 milliards d'euros), la question de la vente de l'opérateur SFR devient plus favorable.

Marché à quatre opérateurs depuis 2012, le secteur telecom français se verrait bien revenir à trois acteurs pour soulager la pression de la concurrence et la guerre des prix qui se joue régulièrement depuis lors.

Un timing serré pour une transaction avant l'élection présidentielle

La consolidation télécom n'est cependant pas forcément vue d'un bon oeil du côté de Bruxelles qui préfère voir les opérateurs s'écharper sur les prix au bénéfice du consommateur.

Cela a toutefois des conséquences sur les marges et les capacités d'investissement alors qu'il leur est demandé d'aller toujours plus vite sur les déploiements des réseaux fibre et 5G.

sfr-logo

La possibilité de la vente de SFR devient plus favorable et Patrick Drahi aurait déjà transmis les informations financières de l'entreprise à Bouygues Telecom et Free, candidats potentiels les plus probables, même si des opérateurs étrangers et des fonds d'investissement pourraient tenter leur chance.

Si l'élection présidentielle de 2027 peut constituer un frein à une opération de rachat, les négociations auraient déjà débuté, selon une information de BFMTV. Le dirigeant d'Altice espère obtenir 23 milliards d'euros de SFR...dont 15 milliards d'euros de dette.

Cependant, les débats promettent d'être animés alors que le chiffre d'affaires de SFR s'est contracté en début d'année. SFR a multiplié les opérations promotionnelles pour tenter de freiner le déficit de clients et conserver le nouvel attrait pour l'opérateur, toujours en phase de restructuration de sa dette.

Les trois opérateurs sur les rangs

Bouygues Telecom et Free seraient désormais en pleines discussions pour récupérer les activités mobiles de SFR, des abonnés mobiles aux clients entreprise en passant par les infrastructures, dont une partie est déjà mutualisée avec Bouygues Telecom, ce qui pourrait lui donner un avantage dans les négociations pour récupérer les clients mobiles.

Free pourrait céder sur ce point en échange d'un accès privilégié à l'activité entreprise représentée par SFR Business. Cette récupération d'actifs servirait sa stratégie d'expansion vers les services d'entreprise et le cloud.

sfr-box-8-tv

Orange, sans rechigner sur une part des clients mobiles de SFR, serait de son côté intéressé par les activités internet fixe de SFR. L'opérateur historique a moins de marge de manoeuvre que les autres, sous peine de créer une levée de bouclier autour d'un risque de position dominante, mais il voudra sans doute au moins une compensation dans le processus de rachat.

Il reste à connaitre le sort du réseau de 600 boutiques (300 détenues par SFR et 300 en franchise) et des coûts associés qui pourront peser dans les négociations pour tenter de faire baisser le montant de la transaction. La marque RED, moins intéressante du fait de ses coûts resserrés et de la volatilité des clients, pourrait aussi constituer un élément de discussion. Les hostilités sont ouvertes avec une potentielle formalisation de l'offre d'ici la fin de l'année.

Source : BFMTV