C'est un mea culpa qui résonne dans toute l'industrie automobile. Après avoir transformé les tableaux de bord en tablettes géantes, plusieurs grands constructeurs admettent à demi-mot que le tout-tactile était peut-être une fausse bonne idée. Le dernier en date, et non des moindres, est Mercedes-Benz, qui a confirmé un changement de cap radical.

La marque à l'étoile, qui avait pourtant fait de son immense "Hyperscreen" un argument de vente, rejoint un mouvement de fond initié par Volkswagen et Hyundai. Le bon vieux bouton physique, jugé archaïque il y a encore quelques mois, est de retour en grâce.

Pourquoi ce retournement de situation aussi soudain ?

La raison principale est d'une simplicité désarmante : la sécurité. Des études, mais surtout le retour d'expérience des conducteurs, ont clairement établi le danger de la distraction engendrée par les écrans tactiles. Changer la climatisation ou le volume de la radio, des actions autrefois instinctives, demandent désormais de quitter la route des yeux pour naviguer dans des sous-menus complexes.

Hyperscreen

Pire encore, les boutons capacitifs (ces surfaces tactiles sans retour physique) se sont révélés être une source d'erreurs. Une plainte collective a même été déposée contre Volkswagen aux États-Unis, accusant les commandes tactiles du volant de l'ID.4 d'être un "défaut" de conception pouvant entraîner des activations involontaires, et donc des accidents.

Quels sont les constructeurs qui ont déjà franchi le pas ?

Le mouvement prend de l'ampleur et touche toutes les gammes. Mercedes-Benz a été le plus explicite, affirmant avoir "écouté attentivement les retours des clients" pour justifier ce changement. Mais la liste s'allonge de jour en jour :

  • Volkswagen et ses marques sœurs (Audi, Porsche) ont déjà commencé à réintégrer des commandes physiques.
  • Hyundai a également promis plus de boutons dans ses futurs modèles.
  • D'autres marques comme Subaru, Mini et même Ferrari suivent la même tendance.

L'industrie a compris que l'innovation ne devait pas se faire au détriment de l'ergonomie et de la sécurité. Le futur sera probablement hybride, combinant l'esthétique des écrans à la praticité des boutons pour les fonctions les plus utilisées.

Mercedes écrans voiture 0

Est-ce que tous les constructeurs vont suivre, y compris Tesla ?

C'est le grand point d'interrogation. Tesla, qui a fait de son écran central géant une véritable signature, semble pour l'instant rester sur sa position. N'ayant jamais eu de tradition de boutons physiques, la marque a construit son identité sur cette interface épurée. Ses clients savent à quoi s'attendre et sont souvent des adeptes de cette approche minimaliste.

iCockpit Peugeot

Cependant, la pression réglementaire et la tendance générale du marché pourraient, à terme, influencer même les plus récalcitrants. La décision de la Chine, premier marché automobile mondial, de réglementer certains aspects de l'interaction homme-machine pourrait créer un effet domino. L'ère du tout-tactile sans concession est peut-être bel et bien terminée.

Foire Aux Questions (FAQ)

Le retour des boutons va-t-il faire baisser le prix des voitures ?

C'est une idée reçue, mais c'est en réalité l'inverse. Un bouton physique, avec ses mécanismes, son câblage et son intégration, coûte plus cher à produire qu'une simple interface logicielle sur un écran tactile. Ce retour à l'analogique est un choix dicté par la sécurité et le confort, et non par une volonté de réduire les coûts.

Les écrans tactiles vont-ils complètement disparaître ?

Non, c'est très peu probable. L'avenir s'oriente vers un modèle hybride. Les écrans conserveront leur place pour la navigation, le multimédia et les réglages avancés. En revanche, les fonctions essentielles et fréquemment utilisées (climatisation, volume, dégivrage, feux de détresse) reviendront très certainement à des commandes physiques, accessibles sans quitter la route des yeux.

Cette décision est-elle uniquement liée à la sécurité ?

La sécurité est l'argument principal, mais l'expérience utilisateur joue un rôle tout aussi important. De nombreux conducteurs se plaignent de la complexité des interfaces, de la latence des écrans et du manque de retour tactile. Le retour des boutons est aussi une réponse à cette frustration et à une demande forte pour des commandes plus simples, plus fiables et plus satisfaisantes à utiliser.