Depuis plusieurs années, la conduite autonome restait réservée aux véhicules haut de gamme, laissant la plupart des automobilistes rêver d’une mobilité sans stress ni fatigue.

Mais un virage majeur s’annonce : Volkswagen et Bosch ambitionnent de mettre cette technologie entre les mains de millions de conducteurs dès 2026, y compris sur des citadines accessibles.

Mais une promesse à si court terme est-elle seulement possible dans un marché automobile déprimé et confronté à de multiples défis, dont celui de la transition énergétique ?

Une coopération stratégique pour démocratiser la voiture autonome

Depuis 2022, le partenariat entre Volkswagen et Bosch s’est illustré par une alliance technologique autour du logiciel embarqué, baptisée Automated Driving Alliance. Ce duo mise sur une couche logicielle basée sur l’intelligence artificielle, conçue pour s’intégrer directement dans les nouveaux modèles à partir de la mi-2026.

Automated Driving Alliance

Elle vise à offrir des fonctions de niveau 2+ sur autoroute, permettant au conducteur de lâcher temporairement le volant, sans se passer totalement de supervision humaine, et d'anticiper le déploiement de systèmes plus avancés (niveau 3), qui autorisent le véhicule à se conduire lui-même dans des circonstances précises.

La vision est claire : « mettre la conduite autonome à la disposition de millions de conducteurs, du segment grand public au segment premium », affirme le communiqué des deux groupes.

L’intelligence artificielle et l’architecture logicielle, au cœur du dispositif

Le véritable moteur de cette révolution réside dans la structure « Software Defined Vehicle », qui permet à la voiture de s’améliorer en continu grâce à des mises à jour distantes.

Volkswagen Bosch conduite autonome

Bosch excelle dans le développement de capteurs radar, lidars et caméras, tandis que la filiale CARIAD de Volkswagen raffine les algorithmes de perception et d’interprétation. On vise ainsi non seulement à réagir face aux imprévus sur la route, mais aussi à anticiper les dangers : réduire la vitesse près d’une zone à risque ou adopter la trajectoire la plus sûre selon les préférences des passagers.

L’arrivée de l’IA transforme la collecte et l’analyse des données : chaque kilomètre parcouru par les flottes en test enrichit la compréhension des systèmes, de la reconnaissance des panneaux à l’ajustement automatique des distances de sécurité. Plusieurs véhicules de test, comme l’ID.Buzz et l’Audi Q8, évoluent déjà en Europe, au Japon ou aux États-Unis.

Quels modèles et quelle accessibilité pour le grand public ?

Les promesses de la conduite autonome abordable devraient se concrétiser d’abord sur la VW ID.1, une citadine estimée autour de 20 000 euros dès 2027. La technologie sera intégrée sur des architectures logicielles SDV en partenariat avec l’américain Rivian.

Selon les annonces, si un retard survenait, Bosch pourrait proposer sa plateforme à d’autres constructeurs afin d’accélérer la diffusion de ces innovations. Pour le moment, la fonction autonome sera essentiellement réservée à l’autoroute, avec une présence progressive sur d’autres segments selon les avancées réglementaires et techniques.

Cette orientation stratégique cible à la fois le marché européen — face à des concurrents comme Tesla et Waymo — mais aussi l’Amérique du Nord via des projets pilotes de robotaxis déjà expérimentés à Hambourg ou Los Angeles (avec Uber).

Des impacts économiques et écologiques majeurs à prévoir

La réussite de ce projet n’est pas qu’une question de technologie : elle implique aussi de renforcer la souveraineté industrielle européenne, de soutenir un secteur innovant et de stimuler la création d’emplois qualifiés.

Les investissements annuels de Volkswagen et Bosch se comptent en centaines de millions d’euros, avec l’espoir de licencier leur plateforme à d’autres constructeurs pour générer de nouveaux revenus.

Volkswagen Bosch conduite autonome 02

 L’anticipation intelligente des risques doit permettre de renforcer la sécurité routière tandis que l'optimisation des trajets peut aider à réduire la consommation d'énergie et les émissions de CO2.

En arrière-plan, l’émergence de l’automobile logicielle favorise le développement de nouveaux services liés à la cartographie haute précision, la cybersécurité ou la gestion personnalisée du véhicule.

Il reste à voir si le service de conduite autonome abordable saura s'intégrer dans les réglementations européennes sur le sujet en intégrant un rapport bénéfice / risque avantageux.