La confiance dans les véhicules autonomes vient de subir un sérieux coup de frein. La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l'autorité fédérale américaine de la sécurité routière, a officiellement ouvert une enquête préliminaire visant la flotte de Waymo, la filiale d'Alphabet.
Cette décision fait suite à un incident particulièrement préoccupant : un de ses robotaxis a été filmé en train de dépasser illégalement un bus scolaire à l'arrêt, alors que celui-ci faisait descendre des enfants.
Que s'est-il réellement passé ?
L'incident, capturé en vidéo et largement diffusé, montre un véhicule Waymo s'approchant d'un bus scolaire dont les feux rouges clignotaient et le bras d'arrêt était déployé.
Après un bref arrêt, le robotaxi, opérant sans chauffeur de sécurité humain à bord, a manœuvré pour contourner le bus par l'avant, franchissant ainsi le dispositif de sécurité alors que des élèves se trouvaient à proximité.
Waymo a réagi en expliquant que son véhicule avait abordé le bus sous un angle qui rendait les signaux d'arrêt invisibles. La société affirme avoir procédé lentement et à distance de sécurité, mais l'infraction aux lois de la circulation reste manifeste.
Une enquête qui dépasse le simple fait divers
L'enquête de la NHTSA ne vise pas seulement ce cas isolé. Elle porte sur environ 2 000 véhicules équipés du système de conduite autonome de cinquième génération de Waymo.
Les régulateurs cherchent à comprendre si cet événement révèle une faille systémique dans la technologie, notamment dans sa capacité à interagir correctement avec les usagers de la route les plus vulnérables.
Cette investigation s'inscrit dans un mouvement plus large de surveillance accrue des technologies de conduite autonome, alors que leur déploiement s'accélère dans plusieurs grandes villes américaines comme Phoenix, Los Angeles et San Francisco.
Vers un durcissement de la législation ?
L'affaire prend une résonance particulière en Géorgie, où des élus ont exprimé leur indignation. Le représentant de l'État, Clint Crowe, co-auteur de la "Addy's Law" qui durcit les sanctions pour ce type d'infraction, s'interroge sur la responsabilité.
Qui est le "conducteur" quand il n'y a personne au volant ? Il estime que les amendes actuelles, même portées à 1 000 dollars, sont insuffisantes pour dissuader des entreprises de la taille de Waymo.
De son côté, le sénateur Rick Williams, co-auteur de la même loi, va plus loin en appelant à l'arrêt pur et simple des robotaxis jusqu'à ce que la sécurité soit garantie.
Waymo, pour sa part, assure que la sécurité des enfants est une priorité absolue et que des améliorations logicielles ont déjà été développées et implémentées. Une nouvelle mise à jour est même prévue prochainement. L'issue de cette enquête pourrait bien imposer de nouvelles contraintes réglementaires et redéfinir la responsabilité pénale et financière des constructeurs de véhicules autonomes.