C'est le cauchemar de nombreuses petites communes : se retrouver soudainement envahies par des milliers de voitures qui cherchent à fuir les embouteillages des grands axes. Ce phénomène, surnommé "l'effet Waze", transforme des quartiers résidentiels en autoroutes bis.

Mais à Birsfelden, une petite ville suisse près de Bâle, la riposte est aussi radicale que technologique : un péage anti-raccourci qui verbalise automatiquement les automobilistes trop pressés.

Comment fonctionne ce "péage" anti-raccourci ?

La solution : un dispositif de caméras automatiques qui flashe les plaques d'immatriculation à l'entrée et à la sortie de la ville. Le système, qui fonctionne 24h/24 et 7j/7, calcule le temps de trajet. Si un véhicule traverse la commune en moins de 15 minutes, il est considéré comme du trafic de transit et son propriétaire reçoit une amende de 100 francs suisses, soit environ 108 euros.



L'objectif est de rendre le raccourci financièrement dissuasif et de forcer les automobilistes à rester sur les axes principaux, même en cas de bouchons.

Pourquoi une mesure aussi radicale a-t-elle été prise ?

Le coupable de ce chaos a un nom : l'« effet Waze ». Comme de nombreuses communes situées près d'axes autoroutiers, Birsfelden est devenue la victime des algorithmes d'optimisation de trajet. Dès qu'un bouchon se forme sur l'autoroute, des applications comme Waze ou Google Maps redirigent massivement le trafic vers les petites rues de la ville, créant des embouteillages monstres là où il n'y en avait pas.



Face à l'échec des mesures traditionnelles (interdictions temporaires, contrôles de police) mises en place depuis 2016, la municipalité a décidé de passer à la vitesse supérieure avec cette solution automatisée.

Le système est-il efficace et légal ?

Les premiers résultats sont impressionnants. Dès sa mise en place, le système a enregistré un millier d'infractions par jour, générant des recettes inattendues pour la commune et entraînant une baisse visible du trafic de transit. Le but n'est pas de pénaliser les locaux. Les habitants de Birsfelden et des quartiers voisins, les entreprises, les taxis et les services d'urgence sont exemptés des amendes.



Cependant, la légalité du dispositif est contestée. Bien qu'approuvé par les autorités cantonales, un automobiliste a déjà porté plainte devant un tribunal fédéral. L'affaire pourrait faire jurisprudence en Suisse et donner des idées à de nombreuses communes en France, qui luttent avec des moyens bien plus limités contre ce même fléau.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que "l'effet Waze" ?

"L'effet Waze" désigne le phénomène par lequel des applications de navigation GPS, en cherchant à optimiser les itinéraires pour éviter les bouchons, redirigent un grand nombre de véhicules vers des routes secondaires (quartiers résidentiels, centres de petits villages...) qui ne sont pas conçues pour absorber un tel trafic, créant ainsi de nouvelles congestions et des nuisances pour les riverains.

Cette mesure est-elle appliquée en France ?

Non, pas sous cette forme. En France, les communes ne disposent pas de l'arsenal juridique pour mettre en place une telle verbalisation automatisée. Elles tentent de lutter contre l'effet Waze avec des aménagements urbains (sens interdits, stops, ralentisseurs), mais ces solutions sont souvent moins efficaces et plus coûteuses.

Waze a-t-il été contacté par la mairie de Birsfelden ?

Oui, la municipalité a demandé à Waze de ne plus proposer Birsfelden comme itinéraire de contournement, mais, selon les médias locaux, l'application continue pour l'instant d'y rediriger les automobilistes.