Elon Musk vient d'annoncer l'acquisition d'un troisième bâtiment pour sa startup xAI dans la région de Memphis. Nommée avec une pointe d'ironie MACROHARDRR, cette nouvelle structure vise à porter la capacité de calcul du supercalculateur Colossus à près de 2 gigawatts, marquant une nouvelle étape dans la course effrénée à la suprématie dans le domaine de l'intelligence artificielle.
La compétition dans le secteur de l'intelligence artificielle générative est devenue une véritable course à l'armement technologique. Face à des géants établis comme OpenAI et Anthropic, la startup d'Elon Musk, lancée en 2023, ne pouvait se contenter de jouer les seconds rôles.
L'objectif avoué est de développer des modèles de plus en plus avancés, capables de rivaliser directement avec des produits comme ChatGPT et Claude. Pour y parvenir, une seule solution : une puissance de calcul brute et massive.
Un projet titanesque nommé Colossus
C'est dans la région de Memphis, au Tennessee, que xAI a décidé d'établir l'épicentre de ses ambitions. Le projet, baptisé Colossus, est déjà présenté comme l'un des plus grands supercalculateurs au monde.
L'acquisition de ce troisième bâtiment, qui sera transformé en centre de données d'ici 2026, vient s'ajouter à deux autres sites déjà en développement. Le nom choisi par Musk, MACROHARDRR, est perçu comme un clin d'œil à peine voilé à son concurrent historique, Microsoft.
L'ambition est démesurée : à terme, l'ensemble de l'infrastructure devrait abriter au moins 1 million de processeurs graphiques (GPU), essentiels à l'entraînement des modèles d'IA.
Cette nouvelle expansion portera la capacité totale de calcul à près de 2 gigawatts, une puissance phénoménale. L'objectif pour xAI est clair : se donner les moyens de former des intelligences artificielles plus complexes et plus performantes, notamment pour son chatbot Grok, intégré à la plateforme X.
La course à la puissance, mais à quel prix ?
Cette escalade technologique n'est pas sans conséquences. L'appétit énergétique d'un tel centre de données est colossal. Une puissance de 2 gigawatts équivaut à la consommation d'environ 1,5 million de foyers américains sur une année entière.
Pour alimenter ses installations, xAI construit une centrale électrique au gaz naturel à proximité, tout en s'assurant l'accès à d'autres sources d'énergie. Ces besoins gigantesques soulèvent d'importantes préoccupations environnementales.
La consommation d'eau est un autre enjeu majeur, puisque des millions de litres seront nécessaires chaque jour pour refroidir les milliers de serveurs. Conscient de ces critiques, xAI a toutefois pris des mesures pour tenter d'atténuer son empreinte écologique.
L'entreprise a annoncé un investissement de 80 millions de dollars dans une nouvelle usine de traitement des eaux usées. Cette installation devrait permettre de réutiliser environ 49 millions de litres d'eaux usées quotidiennement, un effort notable face à l'implacable réalité énergétique et hydrique de ces infrastructures.
Derrière la technique, une stratégie financière agressive
Une telle expansion a un coût exorbitant. Le seul achat des GPU Nvidia pour l'un des bâtiments est estimé à 18 milliards de dollars, sans compter les serveurs, les systèmes de refroidissement et la construction.
Pour financer ce projet pharaonique, Elon Musk ne puise pas uniquement dans sa fortune personnelle. La startup mène une campagne de levée de fonds extrêmement agressive pour soutenir ses ambitions.
Après avoir déjà levé 10 milliards de dollars en fonds propres et en prêts, xAI serait en pourparlers avec divers investisseurs, dont le fonds souverain d'Arabie Saoudite, pour un tour de table supplémentaire de 20 milliards de dollars.
Cette opération pourrait porter la valorisation de l'entreprise à plus de 170 milliards. Ces chiffres vertigineux illustrent parfaitement l'enjeu stratégique que représente l'IA, et la question demeure : jusqu'où ira cette fuite en avant technologique et financière ?