Le fabricant chinois Zhaoxin officialise son processeur serveur KH-50000. Doté de 96 cœurs, d'une architecture en chiplets, et compatible DDR5 et PCIe 5.0, il marque une montée en gamme spectaculaire.
Conçu pour le marché domestique, il incarne l'ambition de Pékin de réduire sa dépendance technologique face aux géants américains comme AMD et Intel.
Le marché des processeurs pour serveurs a longtemps été un duopole quasi incontesté, dominé par les titans américains et l'architecture x86. Dans ce paysage, l'émergence d'alternatives crédibles est un événement scruté de près.
C'est dans ce contexte que Zhaoxin, l'un des principaux acteurs chinois du secteur, vient de lancer officiellement sa nouvelle puce, le KH-50000, une proposition qui vise clairement à équiper les centres de données nationaux.
Une fiche technique qui change la donne
Sur le papier, le KH-50000 représente un bond en avant considérable. Il surclasse de très loin son prédécesseur, le KH-40000. Le nombre de cœurs est triplé, passant de 32 à 96 cœurs.
La puce adopte une conception moderne en chiplets, avec 12 modules de calcul et un large die d'entrées/sorties, une approche qui n'est pas sans rappeler les processeurs EPYC d'AMD. Le tout est accompagné de technologies de dernière génération : 12 canaux de mémoire DDR5 ECC et 128 lignes PCIe 5.0, le plaçant au niveau des standards actuels du marché.
Quelles performances attendre réellement ?
Zhaoxin annonce un gain de 30 % en IPC (instructions par cycle). C'est le saut générationnel le plus ambitieux de son histoire. Les fréquences atteignent 3.0 GHz en boost, pour une mémoire cache totale de 384 Mo.
Cependant, la question de la performance réelle face à un AMD EPYC "Genoa" ou un Intel Xeon reste entière. L'absence de benchmarks indépendants invite à la prudence, car il faudra déterminer si cette puce est un véritable concurrent ou simplement l'implacable réalité d'un substitut domestique coûteux.
Plus qu'une puce, une déclaration stratégique
Mais au-delà des spécifications brutes, ce lancement est avant tout une illustration flagrante de la volonté de Pékin de sécuriser sa chaîne d'approvisionnement technologique.
La puce intègre des standards de cryptographie chinois (SM2, SM3, SM4) et des fonctions de sécurité matérielle avancées, répondant aux exigences des déploiements gouvernementaux.
Zhaoxin a d'ailleurs profité de l'occasion pour présenter le KX-7000N, une version grand public de ses processeurs, désormais dotée d'un NPU dédié aux calculs d'intelligence artificielle.
Avec le KH-50000, Zhaoxin pose les bases d'un écosystème matériel chinois plus autonome. Le véritable test viendra des déploiements à grande échelle et de la capacité de cette puce à convaincre sur le terrain de la performance brute et de l'efficacité énergétique, un terrain où ses rivaux occidentaux l'attendent de pied ferme.