L'annonce de la vaste réorganisation de l'équipementier télécom français Alcatel-Lucent qui va conduire à la suppression de 10 000 emplois dans le monde et à plus de 900 postes en France fait des remous et incite le gouvernement français à monter au créneau.

Pendant que les salariés de Rennes découvrent avec stupeur que leur site fait partie du plan social alors même qu'ils travaillent sur les technologies mobiles qui constituent la fondation des nouveaux axes stratégiques de l'entreprise, le gouvernement a voulu se montrer en demandant au directeur général Michel Combes de revoir son projet et de réduire le nombre des emplois supprimés.

Alcatel Lucent logo  Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait savoir que le gouvernement pourrait s'opposer à sa validation si les efforts de négociation sont jugés insuffisants et qu'un accord collectif majoritaire (entre la direction et les syndicats) n'est pas obtenu.

De son côté, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg s'en est pris de nouveau indirectement à Free Mobile en évoquant devant l'Assemblée Nationale "une concurrence par les prix extraordinairement destructrice dont Alcatel-Lucent est la première des victimes ".

Le nouvel entrant n'est pas spécifiquement nommé mais la guerre des prix évoquée est liée à son entrée sur le marché mobile. Par ailleurs, Arnaud Montebourg avait déjà déploré la "course au low cost avec l'arrivée de Free" déjà vue comme la source des maux d'Alcatel-Lucent.

Le ministre est allé plus loin en appelant à la "solidarité des opérateurs téléphoniques nationaux, comme France Télécom - aujourd'hui Orange -, mais également les opérateurs privés, pour qu'ils se décident à non plus courir derrière le moins cher mais favoriser la fabrication sur notre sol national et le sol européen d'équipements télécoms".

SFR et Orange auraient déjà donné des signes de bonnes volonté et le ministre dit attendre la réponse de Bouygues Telecom et Free Mobile. Une position appuyée par la ministre au développement de l'Economie Numérique Fleur Pellerin qui demande aux opérateurs d'avoir "un comportement vertueux et patriote et à faire appel à Alcatel-Lucent", en particulier pour les projets 4G.

Des déclarations qui peuvent prêter à sourire alors qu'il y a une semaine, Alcatel-Lucent annonçait avoir remporté des contrats pour la 4G de l'opérateur China Mobile. Par ailleurs, il n'y a pas si longtemps, c'est le groupe Iliad (qui gère Free Mobile) qui soulignait qu'il faisait appel à des équipementiers européens quand d'autres ont fait ce choix beaucoup plus tardivement et sous la pression des suspicions de possibilité d'espionnage économique pesant sur certains équipementiers chinois.

Enfin, comme le fait remarquer le journal Le Monde, cet appel à la solidarité arrive bien tardivement alors que la situation financière difficile d'Alcatel-Lucent est connue depuis longtemps, avec un risque très concret de voir sa richesse (son large portefeuille de brevets) filer en des mains étrangères à l'occasion d'arrangements financiers pour alléger le poids de sa dette.

Source : Le Monde